La crise a freiné la mobilité professionnelle des cadres en 2009, avec notamment une baisse importante des départs volontaires vers une autre entreprise et davantage de passages par le chômage, selon l'enquête annuelle Mobilité de l'Apec parue jeudi.
Plus des trois quarts des cadres (76%) n'ont pas connu de changement professionnel en 2009, six points de plus qu'en 2008, indique l'association pour l'emploi des cadres sur la base de plus de 17.000 réponses de cadres.
La mobilité professionnelle a concerné 24% de cadres (contre 30% en 2008), dont 19% ont changé de poste en interne (20% en 2008) et 5% ont changé d'entreprise (8% en 2008), directement ou après une période de chômage.
Pour la mobilité externe, "il faut remonter aux années 2000-2001 pour retrouver ce chiffre. La baisse des recrutements en 2009 a diminué les opportunités d'évolution professionnelle et les cadres sont plus prudents", selon le président de l'Apec, Eric Verhaeghe.
"Les changements d'entreprise sans période de chômage, ce qui correspond le plus souvent à une mobilité volontaire, se sont effondrés" en 2009 à 3%, deux fois moins qu'en 2008, souligne l'étude, notant que ces changements choisis concernent souvent des cadres plus jeunes et plus diplômés que les autres.
En 2009, plus de la moitié (54%) des cadres ayant changé d'entreprise sont passés par le chômage, "un retournement de situation" comparé aux années antérieures, où la proportion de cadres passés directement d'une entreprise à une autre était majoritaire.
Les départs de cadres à l'initiative de l'entreprise ont augmenté, sous forme de licenciement (économique ou autre) dans la moitié des cas, de fin de CDD (15%) ou de rupture de période d'essai (11%).
Du coup, les inscriptions de cadres à Pôle emploi après un licenciement ont progressé.
Fin 2009, le taux de chômage des cadres, estimé par l'Apec, s'élevait à 4,1%, contre 2,9% un an auparavant.
Les cadres au chômage ont eu plus de mal pour retrouver un emploi, comme en témoigne notamment l'allongement de la durée d'inscription à Pôle emploi.
L'âge pèse sur la rapidité du retour à l'emploi: 40% des cadres sans emploi de 50 ans et plus étaient au chômage depuis plus d'un an, contre 10% des moins de 30 ans.
Même quand ils ont retrouvé un poste, plus de la moitié des cadres passés par le chômage (52%) disent craindre la menace du chômage dans un avenir proche, ce qui est lié notamment au fait que près de trois cadres sur dix n'ont retrouvé un emploi qu'en CDD.
La mobilité interne est restée quasi stable en 2009, à 19% contre 20% en 2008, notamment car "les entreprises depuis quelques années se mobilisent pour fidéliser leurs collaborateurs et renforcer leurs compétences".
Mais, "dans un contexte économique plus difficile, ces changements sont plus fréquemment à l'initiative de l'entreprise dans le cadre de réorganisations ou restructurations. Ils sont donc parfois vécus de manière plus +contrainte+ par les cadres", note l'Apec.