Avant les négociations triennales dans la Fonction publique vendredi, le gouvernement a exclu mardi une baisse des traitements, mais sans démentir l'option d'un gel évoqué par le quotidien Les Echos, alors que les syndicats s'inquiètent pour le pouvoir d'achat.
"On ne baissera pas le traitement des fonctionnaires. Evidemment que non". On a avec Georges Tron (secrétaire d'Etat à la Fonction publique)" une négociation salariale "qui commence bientôt, c?est une négociation qui vaut sur les trois années prochaines, on va en discuter", a déclaré le ministre du Travail Eric Woerth.
"La rémunération d?un fonctionnaire, ce n?est pas uniquement le point d?indice", car "il y a une deuxième partie" qui est "l?évolution du fonctionnaire dans une grille de rémunérations. Ca, c?est à peu près 2% par an", de hausse moyenne de pouvoir d'achat, a-t-il ajouté.
Alors que les négociations salariales commencent vendredi par un "bilan" souhaité par le gouvernement, Les Echos ont affirmé mardi que Bercy et Matignon envisageaient "un gel pur et simple du point d'indice", ce que le gouvernement n'a ni confirmé ni démenti auprès de l'AFP.
"Les négociations commencent vendredi", a-t-on seulement commenté à Matignon.
"L'exécutif se dirige vers une position ferme", croit savoir le quotidien économique, selon qui "l'idée d'un gel triennal" gagne du terrain.
Le point d'indice fixe en moyenne 80% du salaire pour 5,2 millions de fonctionnaires. Les primes (en moyenne 20% du salaire), les promotions, et l'intéressement collectif découlant d'une nouvelle loi doivent cependant faire progresser le pouvoir d'achat, selon le gouvernement.
"Nous ne travaillons pas sur une baisse du pouvoir d'achat ou du niveau de vie des fonctionnaires", a également déclaré le secrétaire d'Etat au Budget François Baroin à l'Assemblée, interrogé par le député socialiste François Eckert sur un "gel du point d'indice".
"Si c'était vrai, ce serait un reniement" car la précédente négociation salariale triennale, en 2008, avait "abouti à +0,5% en juillet 2009, complété par +0,3% en septembre, ainsi que deux hausses de 0,5%, l'une pour juillet 2010 et l'autre pour juillet 2011", a rappelé Brigitte Jumel (CFDT).
"Tout cela n'est pas arbitré", a expliqué Georges Tron, devant l'association des journalistes de l'information sociale (Ajis), en précisant que "plusieurs scénarios sont envisagés".
Interrogé sur un éventuel bras de fer avec Bercy ou l'Elysée, sur la hausse prévue de 0,5% au 1er juillet, M. Tron a affirmé qu'il n'y avait "pas de bras de fer", mais "des pressions" et "plusieurs façons d'entrer dans le sujet".
"J'ai, comme Eric Woerth, plutôt tendance à penser que lorsqu'un engagement est pris, il est de bonne politique de le tenir", a-t-il dit.
Le gouvernement "s?apprête à décider d?un gel des traitements" pour la période 2011-2013, en a conclu FO-Finances, dans un communiqué.
En cas de gel du point d'indice, "le pouvoir d'achat des fonctionnaires baisserait de près de 7% en trois ans", en raison des risques de remontée de l'inflation, a réagi Jean-Marc Canon, secrétaire général des fonctionnaires CGT.
"A cela s'ajoute l'annonce d'une hausse de 2,8% en dix ans des cotisations-retraite des fonctionnaires, soit 0,28% par an et 0,8% sur trois ans", a-t-il déclaré à l'AFP.
Les prix à la consommation qui avaient bondi de 2,9% en 2008 puis baissé de 0,6% en 2009, sont repartis à la hausse depuis quelques mois et devraient augmenter de 1,4% en 2010 selon les estimations de l'Insee, qui ne fait pas de prévision au-delà.