
Le Premier ministre japonais de centre-gauche, Naoto Kan, a demandé vendredi au peuple de lui accorder sa confiance, condition indispensable pour réformer le Japon et réduire notamment son énorme dette.
Dans son discours de politique générale devant le Parlement, il a évoqué un "risque d'effondrement" financier si le pays continue d'emprunter et a jugé "inévitable" d'engager une vaste réforme fiscale.
M. Kan, 63 ans, a souligné que le Japon avait vécu dans l'immobilisme au cours des 20 dernières années. "La mission de mon gouvernement est de rompre avec cette situation de blocage (..) et de redonner au Japon sa vitalité", a-t-il dit.
Mais, a-t-il poursuivi, "pour gouverner, on ne peut pas simplement s'appuyer sur des responsables politiques ou des partis". "Je ne peux gouverner qu'à condition que le peuple m'accorde sa confiance et me dise +Banco, vas-y+", a-t-il martelé.
M. Kan est le cinquième Premier ministre en quatre ans nommé à la tête de la deuxième économie du monde. Ses quatre prédécesseurs, crédités comme lui d'un capital de soutien élevé au début de leur mandat, ont très rapidement chuté dans les sondages, lâchés par des électeurs déçus de ne voir aucun changement.
Conscient de la volatilité de l'opinion, M. Kan doit donner rapidement des gages de réforme et de rupture avec les politiques passées, tout en respectant les promesses faites par le Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche), qu'il préside. Les élections sénatoriales prévues le 11 juillet constitueront un premier test pour le nouveau gouvernement.
M. Kan a brossé un tableau sombre des finances de l'Etat, "les pires des pays développés" avec une dette publique proche des 200% du produit intérieur brut (PIB).
"A l'image des problèmes en zone euro provoqués par la Grèce, il y a un risque d'effondrement si nous ne faisons rien contre l'augmentation des dettes publiques et perdons en conséquence la confiance des marchés d'obligations", a-t-il averti.
Reconnaissant qu'il était "difficile de résoudre ce problème en un jour", il a jugé "inévitable de lancer maintenant une réforme fondamentale de notre système fiscal".
Il a invité les partis d'opposition à participer à un "débat national, au-delà des barrières partisanes", sur ce sujet.
Le budget du Japon est largement déficitaire en raison de recettes d'impôts très inférieures aux dépenses de l'Etat. La différence est couverte par des émissions de bons du trésor qui font enfler la dette d'année en année.
Pour M. Kan, une réduction des dépenses superflues de l'Etat est aussi indispensable, de même qu'une stratégie de croissance économique solide, afin d'augmenter les recettes d'impôts et d'assainir les finances publiques.
Au plan diplomatique, M. Kan a déclaré qu'il voulait "renforcer les relations avec l'Asie, tout en conservant l'alliance avec les Etats-Unis comme pierre angulaire".
Il a indiqué qu'il souhaitait "approfondir des relations stratégiques et mutuellement bénéfiques avec la Chine", construire "un partenariat pour l'avenir avec la Corée du Sud" et régler les litiges avec la Russie hérités de la guerre.