Le ministre allemand de l'Economie a refusé mercredi d'accorder à Opel les garanties fédérales qu'il réclamait, laissant à sa maison-mère américaine General Motors le soin de le restructurer.
"En tant que ministre de l'Economie, j'ai décidé de rejeter la demande", a déclaré Rainer Brüderle.
"Je suis certain que même sans garanties, Opel a un bon avenir", a ajouté le ministre libéral (FDP).
M. Brüdele a justifié sa décision en faisant valoir qu'Opel avait déjà bénéficié de crédits publics, ainsi que d'une prime à la casse pour relancer le secteur automobile, et que "GM dispose d'amples moyens financiers" pour soutenir sa filiale.
La réaction du patron d'Opel n'a pas tardé.
"General Motors et Opel sont naturellement très déçus", a déclaré le Britannique Nick Reilly lors d'une conférence téléphonique.
"Je ne comprends pas vraiment les raisons" de cette décision, a-t-il ajouté.
GM avait espoir que l'Allemagne fournisse 1,1 milliard d'euros sur les 1,8 milliard demandés aux gouvernements européens, mais M. Reilly a assuré qu'il comptait s'en tenir aux grandes lignes au plan de restructuration déjà présenté, qui prévoit la suppression de 8.000 emplois sur 46.000 en Europe.
Il ne prévoit pas de fermetures d'usines supplémentaires, redoutées par les syndicats, outre celle d'Anvers en Belgique déjà annoncée faute de repreneur.
Opel espère trouver ailleurs l'argent nécessaire, et a revu ses besoins de financements en baisse, à 3,3 milliards d'euros contre 3,7 milliards.
La maison-mère américaine a déjà promis 1,9 milliard d'euros, et Nick Reilly assure que le gouvernement britannique contribuera à hauteur de 330 millions, comme l'Espagne.
Opel discute également avec l'Autriche et la Pologne.
Le constructeur compte également sur une participation des quatre Etats régionaux allemands qui comptent des usines Opel et espère récolter auprès d'eux 25 à 50% des 1,1 milliard d'euros de garanties qu'il demandaient à l'Allemagne.
Les chefs de gouvernement des Etats régionaux concernés devaient se réunir jeudi à Berlin avec la chancelière Angela Merkel.
Celle-ci a d'ailleurs laissé entendre mercredi soir qu'Opel pouvait encore espérer.
"En ce qui concerne la décision d'aujourd'hui (annoncé par son ministre) je veux dire clairement que le dernier mot n'a pas encore été dit" sur la question, a-t-elle déclaré à la presse.
M. Brüderle a indiqué pour sa part que les Etats régionaux pouvaient encore intervenir.
Le dossier des aides publiques pour Opel traînait depuis des mois à Berlin, mais ses chances avaient fondu cette semaine, avec l'annonce par le gouvernement d'une très sévère cure d'austérité.
GM n'a pas été puni par l'Allemagne pour avoir fait volte-face en novembre dernier et avoir décidé de restructurer elle-même Opel, mais la décision du ministre tient compte de "la situation économique et politique générale", a estimé M. Reilly.
Les syndicats ont vivement dénoncé la décision de Berlin.
"Le ministre de l'Economie laisse tomber les salariés d'Opel au milieu de l'orage - et cela à l'encontre du bon sens et de l'intérêt des usines allemandes", a déclaré dans un communiqué le chef du comité d'entreprise, Klaus Franz.
Le gouvernement allemand, qui s'est rendu très impopulaire en mettant la main à la poche pour les plans de sauvetage de la Grèce et l'euro, avait dit à de nombreuses reprises son scepticisme par rapport aux demandes d'Opel.
Le vent a tourné pour l'entreprise depuis que sa maison-mère, sortie de faillite, a remboursé les prêts des gouvernements américain et canadien et dégagé des bénéfices au premier trimestre.
"En théorie, GM pourrait payer pour l'ensemble" de la restructuration d'Opel, a déclaré M. Reilly. Mais le constructeur a d'autres chantiers et "doit faire très attention à ce qu'il dépense hors des Etats-Unis" car il a été sauvé par le contribuable américain, a-t-il ajouté.
Le feuilleton Opel a démarré en novembre 2008 lorsque le constructeur a demandé pour la première fois de l'aide. Sorti de faillite, GM a décidé en novembre de ne plus vendre sa filiale et de la restructurer lui-même.