
L'Europe toute entière tente de rassurer les marchés affolés par la crise de la dette avec une cure d'austérité qui s'étend à tous les pays et une surveillance plus sévère des budgets et des statistiques, dont la Bulgarie pourrait être la première victime.
Les ministres européens des Finances, réunis mardi à Luxembourg, ont trouvé un accord de principe pour doter l'office européen des statistiques Eurostat de pouvoirs d'enquête élargis, avec des droits d'inspection dans les pays de l'UE afin de vérifier la fiabilité des données qu'ils fournissent sur leur dette.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a "déjà en tête" un pays en particulier, a-t-il indiqué aux journalistes: "nous avons eu des inquiétudes concernant les performances des statistiques de la Bulgarie et nous envisageons d'envoyer une mission prochainement."
Le renforcement des pouvoirs d'Eurostat est la conséquence des multiples révisions des chiffres grecs qui ont provoqué la crise actuelle dans la zone euro, et va dans le sens d'un durcissement de la discipline budgétaire censé éviter une nouvelle crise.
Les ministres s'étaient déjà mis d'accord lundi soir pour créer de nouvelles sanctions contre les pays trop laxistes, ou pour soumettre les grandes lignes de leurs budgets nationaux à l'UE avant leur adoption parlementaire, idée qui suscite néanmoins des réticences à Londres.

Plus généralement, les pays européens tentent de calmer les marchés avec d'importants programmes d'austérité.
Dernier en date, le gouvernement hongrois a présenté mardi des mesures pour réduire son déficit, passant par une taxation des banques et des réductions des dépenses publiques.
Des inquiétudes sur les finances de ce pays ont fait tomber l'euro ces derniers jours à son plus bas depuis quatre ans, sous 1,20 dollar.
L'Allemagne a aussi annoncé lundi un budget 2011 de grande rigueur devant permettre d'économiser 11 milliards d'euros en taillant notamment dans les dépenses de défense et sociales.
Auparavant, Athènes, Madrid et Lisbonne, mais aussi Paris ou Rome avaient déjà annoncé des économies.
Face aux inquiétudes des marchés, "le traitement doit être une politique budgétaire responsable", a souligné mardi le ministre suédois des Finances, Anders Borg.
"Les pays qui ont le plus contribué à l'incertitude" devraient être "les plus ambitieux", a-t-il ajouté, précisant qu'il visait "évidemment l'Espagne et le Portugal", deux pays considérés par les économistes comme les plus à risques après la Grèce.
Lundi soir, la Commission européenne et Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro, avaient déjà estimé que Madrid et Lisbonne devaient faire "davantage" en matière de réformes structurelles et de consolidation budgétaire après 2011.
"S'il y a une déviation" par rapport aux engagements pris envers ses partenaires européens, à savoir ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2013 après un bond à 11,2% en 2009, "l'Espagne adoptera plus de mesures", a précisé mardi sa ministre des Finances Elena Salgado.
Le gouvernement espagnol avait annoncé en mai, sous la pression des marchés et de ses partenaires de la zone euro, un plan d'accélération de la réduction des déficits publics de 15 milliards d'euros pour 2010-2011.
Cela a poussé dans la rue mardi les fonctionnaires, dont les salaires devraient baisser de 5% en moyenne, en prélude peut-être d'une future grève générale étendue à tous les secteurs d'activité.