Le Fonds monétaire international a dressé lundi un constat sévère sur les dysfonctionnements de la zone euro, entre croissance "anémique", politiques budgétaires "non viables" et structure inadaptée, et a appelé à réviser les traités de l'Union européenne.
"Les gouvernants doivent prendre des mesures déterminées pour parachever le projet d'union monétaire", a indiqué le Fonds dans son introduction à un document remis lundi à Luxembourg aux ministres des Finances de la zone euro, et publié à Washington.
A en croire le FMI, la crise actuelle, due à des "politiques budgétaires non viables dans certains pays", a montré tout ce qu'il manquait "pour parvenir à la responsabilité budgétaire collective exigée pour qu'une union monétaire fonctionne correctement".
Sa principale proposition est d'avoir une autorité commune pour déterminer le niveau de déficit budgétaire admissible pour chacun des membres.
"Idéalement, il faudrait chercher à déplacer vers le centre la capacité à adopter des objectifs de déficits qui engagent les Etats, avec pour base un jugement économique sain sur la position et la viabilité de la dette de chaque pays, ainsi que sur les besoins de toute la zone", a-t-il proposé.
"Cependant, une telle réforme exigera de bâtir un consensus en faveur de modifications des traités, ce qui prendra du temps", a admis le Fonds.
Les questions budgétaires sont aujourd'hui régies par le Pacte de stabilité et de croissance, qui d'après le FMI "n'a pas encouragé les Etats membres à saisir l'occasion, lors des époques favorables, de bâtir des réserves suffisantes et d'abaisser la dette à des niveaux prudents".
Mis en place avec la création de l'euro, ce Pacte prévoyait des déficits budgétaires sous les 3% du produit intérieur brut et une dette publique ramenée ou maintenue sous les 60% du PIB. Il a été régulièrement violé par de nombreux Etats membres.
Les propositions du FMI devaient être discutées par les ministres de l'Eurogroupe réunis lundi à Luxembourg.
Après avoir finalisé la création d'un mécanisme de soutien pour les Etats ayant du mal à se financer sur les marchés comme la Grèce, qui prévoit 440 milliards d'euros de garanties de prêts des pays de la zone euro, ils devaient discuter des moyens de renforcer leur discipline budgétaire et la gouvernance économique en Europe.
Le FMI souhaite voir chaque pays se doter de règles contraignantes contre les déficits excessifs.
"Les Etats membres devraient être soumis à des incitations plus fortes à se plier aux règles communes. Un axe de travail est d'avoir une adhésion plus forte au niveau national, en adoptant des cadres budgétaires basés sur des règles avec un fondement juridique solide et un mécanisme de sanction efficace à ce niveau", a-t-il affirmé.
Le Fonds a également soutenu les réformes proposées en mai par la Commission européenne, qui a souhaité que les projets gouvernementaux de budgets nationaux, ou leurs grandes lignes, soient soumis à son avis puis à celui ministres des Finances européens avant d'aller aux parlementaires.
Il a enfin appelé la zone euro à mettre en place, en plus des mesures de rigueur, des réformes qui selon lui doivent permettre à la croissance de repartir, comme l'assouplissement des règles du marché du travail, la libéralisation des services, et la suppression des entraves à la concurrence entre sociétés européennes.
"Le problème de longue date de la croissance anémique de la zone euro doit maintenant être résolu", a estimé le FMI.