Les ministres des Finances et dirigeants de banques centrales du G20, réunis pour deux jours à Busan (Corée du Sud), privilégiaient dans l'ensemble la rigueur budgétaire mais peinaient à trouver un accord sur les réformes du système financier.
La plupart des grands argentiers du G20, forum qui rassemble les principaux pays développés et émergents, ont estimé que les Etats devaient avant tout songer à réduire leurs déficits et à maîtriser leur endettement.
Il existe au sein du G20 "un courant majoritaire pour mettre la consolidation budgétaire au rang de priorité numéro un. Quelques voix beaucoup plus minoritaires insisteraient sur la nécessité de soutenir la croissance" avant tout, a déclaré la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde.
Elle a néanmoins insisté sur "la nécessité de mener trois choses de front: maintien de la croissance, redressement des finances publiques et réforme."
"Nous devons favoriser la reprise économique, mais dans le même temps, nous ne pouvons renoncer à la prudence en matière budgétaire", a lui aussi déclaré à l'AFP le ministre indien des Finances, Pranab Mukherjee.
"Il faut donc trouver un équilibre entre deux situations apparemment contradictoires, voilà le défi", a-t-il ajouté.
Les participants à la réunion n'ont pas eu grand mal à tomber d'accord pour constater que l'économie mondiale est encore loin d'être tirée d'affaire.
"Les événements récents en Europe et la volatilité des marchés financiers ont clairement montré que la reprise économique mondiale est encore fragile", a déclaré Yoon Jeung-hyun, le ministre sud-coréen des Finances.
"Si nous ne continuons pas à agir, la reprise pourrait être menacée et nous risquons de ne pas pouvoir atteindre une reprise solide, durable et équlibrée", a-t-il ajouté.
La première séance de travail, vendredi, a été consacrée à l'économie mondiale. Les membres européens du G20 se sont notamment employés à expliquer à leurs collègues des autres continents les plans de stabilisation massifs mis en oeuvre pour empêcher que les graves problèmes budgétaires de certains pays, principalement la Grèce, ne provoquent un effondrement de la zone euro.
"J'ai eu le sentiment que nos partenaires étaient plutôt rassurés par les mécanismes que nous avons mis en place", a assuré Mme Lagarde.
Les ministres et banquiers centraux doivent se retrouver samedi pour débattre de la réforme de la réglementation du système financier, ainsi que de la réforme du Fonds monétaire international (FMI).
De l'avis général, il existe peu de chances d'assister à des avancées majeures concernant l'un des principaux débats du moment: la taxation des banques pour les obliger à participer aux efforts financiers des gouvernements pour endiguer les crises qu'elles provoquent par leurs imprudences.
Cette taxe bancaire mondiale est défendue par les Etats-Unis et les Européens, mais combattue par certains pays dont les banques ne sont a priori pour rien dans la récente débandade financière, notamment le Canada, le Brésil, l'Australie et l'Inde.
"Des mesures de régulation bien senties peuvent permettre d'atteindre les objectifs que cette proposition de taxation vise à obtenir. Nous ne sommes pas favorables à une taxation des banques", a ainsi indiqué M. Mukherjee, pour qui les ministres devraient ce week-end seulement "parvenir à une sorte de formulation commune" sur le sujet.
"J'espère qu'on arrivera à un consensus sur les principes. Sur les modalités de calendrier, on verra", a pour sa part indiqué Mme Lagarde.
Les réunions de Busan sont destinées à préparer le sommet du G20 prévu les 26 et 27 juin à Toronto (Canada).