
Les législatives tchèques de vendredi et samedi ont complètement redessiné le paysage politique du pays, entraînant la démission de quatre chefs de partis et l'arrivée de deux nouvelles formations dans une future coalition de centre-droit.
Le grand parti de droite ODS (20,22%) et les nouveaux arrivants TOP 09 (16,7%) à droite, et Affaires publiques (VV, 10,88%) au centre, disposent ensemble de 118 des 200 sièges de la chambre basse.
Ce score leur permettrait de constituer le gouvernement le plus fort de la République tchèque depuis les années 90.
Le leader de l'ODS, Petr Necas, qui prône l'assainissement radical des finances publiques du pays, s'est déjà dit prêt dimanche à assumer le poste de chef du futur gouvernement.
Avec 82 sièges, les sociaux-démocrates du CSSD (22,08%), bien qu'arrivés en tête, et les communistes (KSCM, 11,27%), se voient désormais limités à un rôle de simples figurants, dans l'incapacité totale de former une coalition.
Le président Vaclav Klaus a annoncé dimanche qu'il lancerait lundi une série de consultations avec les dirigeants de ces cinq formations.

Le CSSD sera représenté par son vice-président Bohuslav Sobotka, en remplacement du chef Jiri Paroubek, figure incontournable de la scène politique tchèque ces cinq dernières années, qui a annoncé samedi sa prochaine démission.
"Sois le bienvenu!", lui lance son ex-rival, l'ex-Premier ministre libéral Mirek Topolanek récemment retiré de la politique, devant l'inscription "Cimetière des politiciens", sur une caricature diffusée samedi soir par la chaîne de télévision publique CT.
Le fossoyeur imaginaire ne chômait pas ce week-end: M. Paroubek a été suivi par pas moins de trois autres leaders de partis qui n'ont pas quant à eux franchi le seuil d'éligibilité de 5%.
Cyril Svoboda, chef de la diplomatie en 2002-2006, a ainsi assumé la responsabilité de l'échec (4,39%) de l'Union chrétienne-démocrate (KDU-CSL). Cette formation centriste reste en dehors de la Chambre des députés pour la première fois depuis la chute du communisme en 1989.
Ondrej Liska, jeune chef des Verts (SZ), a opté pour le même geste: ce parti quitte le beau Palais Thun, siège de la chambre, après un séjour unique de trois ans (2,44%).

Le dernier du quatuor démissionnaire est le vétéran Milos Zeman, Premier ministre social-démocrate en 1998-2002. Pour ces législatives, il a fait son come-back, rassasié par des années de paisible retraite à la campagne. "Sorti de son terrier, le vieux blaireau y revient maintenant", a-t-il dit après que son "Parti des droits des citoyens" eut été crédité de 4,33% des voix.
Selon le président Vaclav Klaus qui doit prochainement désigner celui qui sera chargé de la formation du nouveau gouvernement, les élections ont apporté un "affaiblissement fondamental" des plus grands partis, le CSSD et l'ODS.
En effet, ces deux formations ont perdu une dizaine de points chacune par rapport aux élections de 2006, à la suite de l'apparition éclair sur le ciel politique du TOP 09 et de VV.
"Le vainqueur (CSSD) a perdu, le troisième (TOP 09) a gagné", résumait le journal dominical Nedelni Blesk.
Ce résultat constitue une "révolte civique qui s'est déroulée par le biais des bulletins de vote", a lancé le politologue Michal Klima. "C'est un tremblement de terre dans lequel les grands partis ont essuyé d'importantes pertes", a-t-il estimé, à CT.
La perte de points de l'ODS doit servir d'"avertissement", a avoué M. Necas. L'ODS a dû aussi avaler une pilule amère, la défaite subie dans la capitale Prague, jusqu'ici son bastion inébranlable, conquis par TOP 09.