
La consommation a freiné brutalement aux Etats-Unis en avril, mettant fin à six mois consécutifs de hausse qui avaient soutenu la reprise.
Selon des chiffres publiés vendredi par le département du Commerce, les dépenses des ménages sont restées stables par rapport à mars, après de forte hausses en février et mars (de 0,5% et 0,6% respectivement).
La brutalité de ce coup de frein a surpris les analystes, pour qui les dépenses de consommation avaient augmenté de 0,3% en avril.
Plusieurs économistes estiment néanmoins qu'il ne s'agit là que d'une pause passagère, et que la consommation pourrait avoir repris sa hausse en mai.
Les chiffres du ministère révèlent néanmoins la grande prudence des consommateurs, qui ont préféré épargner plutôt que dépenser, alors que leur revenu disponible a connu sa plus forte hausse mensuelle depuis un an en termes réels (+0,5%).
Après la révision à la baisse de la croissance américaine du premier trimestre annoncée jeudi, cela augure d'une contribution moins forte de la consommation à la hausse du PIB du printemps.
"Bien que les consommateurs aient calé en avril, la force de leurs dépenses dans les mois précédents et l'amélioration du marché du travail laissent penser qu'ils sont simplement sur la touche mais qu'ils n'ont pas quitté l'arène", note Sal Guatieri, économiste de BMO Capital Markets.
La besoin de désendettement des ménages "pourrait cependant entraver les dépenses de consommation pendant quelque temps, alors que la hausse de l'emploi devrait soutenir leurs revenus", ajoute-t-il, résumant l'avis de plusieurs analystes sur les deux forces opposées qui s'exercent sur les Américains.
La hausse de la confiance des consommateurs révélée vendredi par l'indice de l'Université du Michigan, et mardi par celui du Conference Board laissent présager que le coup de froid de la consommation d'avril pourrait n'être en effet que temporaire.
Néanmoins, "les consommateurs, qui doivent accélérer le rythme si l'on veut que la croissance ait l'air ne serait-ce qu'à moitié convenable ce trimestre-ci, pourraient ne pas être d'humeur à ouvrir suffisamment leur portefeuille", avertit l'économiste indépendant Joel Naroff.
Au premier trimestre, la consommation a augmenté de 3,5% en rythme annuel, assurant les quatre cinquièmes de hausse du PIB (3,0%, selon la deuxième estimation officielle).
Pour M. Naroff, on pourrait avoir "une croissance franchement molle au deuxième trimestre".
Les chiffres du ministère confirment en tout cas le pronostic retenu par la banque centrale (Fed). Même si celle-ci a relevé récemment sa prévision de hausse du PIB pour le pays en 2010, elle estime toujours que la croissance sera lente et entravée par la persistance d'un chômage élevé (malgré la reprise des embauches), le niveau d'endettement des ménages, et la difficulté à obtenir des crédits.
Vu que l'inflation reste contenue, comme en témoigne le rapport du ministère, la Fed conserve une grande latitude pour maintenir aussi longtemps qu'elle le juge nécessaire son taux directeur quasi nul en vigueur depuis la mi-décembre 2008, afin d'aider au maximum la reprise de l'économie entamée à l'été.
Alors que les effets du plan de relance pour les ménages s'estompent, les Américains ont besoin de voir leurs revenus progresser pour augmenter leur consommation. Pour Nigel Gault, économiste de l'institut IHS Global Insight, les chiffres officiels de l'emploi qui seront publiés dans une semaine seront un indice "clef de la robustesse que l'on peut attendre de la consommation pour le reste de 2010".