Le gouvernement français a soutenu jeudi le projet de taxe bancaire de la Commission européenne mais a exprimé des réserves sur l'affectation des fonds qui seront collectés.
Les banques ont pour leur part réaffirmé leur opposition à cette taxe bancaire destinée à financer des fonds nationaux.
Le ministère de l'Economie s'est dit "très satisfait" des propositions de Bruxelles, sur le principe du "pollueur-payeur", selon l'entourage de la ministre Christine Lagarde, interrogé par l'AFP.
Mais la France a rappelé son désaccord sur l'affectation des sommes, qui reste un "point de divergence", selon cette source. Le ministère veut avoir la liberté d'affectation des sommes levées, et non pas se voir imposer par Bruxelles une affectation définie.
Mme Lagarde a depuis longtemps fait savoir qu'elle préférait que les recettes d'une telle taxe bancaire soient affectées directement au budget de l'Etat "pour renflouer les finances publiques" mises à mal par la crise financière.
La position française est ainsi proche de celle de la Grande-Bretagne.
Le nouveau ministre britannique des Finances George Osborne a en effet salué dès mercredi la proposition de la Commission européenne, tout en émettant des réserves sur l'affectation de ces fonds. Selon lui, les sommes récoltées doivent rester à la discrétion des pays membres, qui devraient être libres de les utiliser à leur guise, et non alimenter des fonds spécifiques, comme le voudrait la Commission européenne.
Selon la proposition de M. Barnier, un réseau européen de "fonds de résolution des défaillances bancaires", créés selon des règles communes, serait mis en place à titre préventif par les Etats. Les banques seraient tenues d'y cotiser.
Du côté des banques françaises, l'opposition à une taxe bancaire à l'échelle européenne reste inébranlable.
"La position de la Fédération bancaire française n'a pas évolué depuis avril dernier, la taxe n'est pas une priorité aujourd'hui", a-t-on déclaré jeudi à la FBF, où l'on précise qu'il faudrait mettre plutôt l'accent sur la régulation.
Au Crédit Agricole, on indiquait jeudi redouter tout ce qui dans les circonstances actuelles affaiblirait le financement de l'économie.
De son côté, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a jugé jeudi qu'il fallait "faire très attention à trouver le juste équilibre" entre toutes les mesures destinées à prévenir le risque de nouvelle crise financière afin de ne pas pénaliser la croissance.
"Nous sommes tous d'accord dans le G20 pour renforcer les exigences de capital des banques, pour que les +coussins de sécurité+ dans le bilan des banques soient plus importants et que les Etats ne soient pas amenés à venir au secours des banques aussi vite lorsqu'il éclate une crise, c'est ce que nous sommes en train de faire", a expliqué M. Noyer à la chaîne de télévision LCI.
Pour le gouverneur de la Banque de France, "ce qu'il faudra bien faire, c'est le calcul total de ce qu'on demande aux banques à la fois dans leur bilan et éventuellement dans une taxe en sus".
"Parce qu'au total, ce sont des prélèvements qui peuvent être répercutés sur le coût du crédit, et donc répercutés négativement sur la croissance. Donc il faut faire très attention à trouver le juste équilibre de toutes ces mesures!", a-t-il conclu.