La ministre française de l'Economie Christine Lagarde a réaffirmé jeudi que la France n'imiterait pas l'Allemagne dans l'interdiction des ventes à découvert sur les emprunts d'Etats de la zone euro, malgré l'invitation de la Commission européenne à se pencher sur le sujet.
En 2008, "la France avait interdit la vente à découvert sur les valeurs financières et aujourd'hui il y a encore une douzaine de valeurs françaises pour lesquelles les ventes à découvert sont interdites. Donc, l'Allemagne à cet égard suit la France", a déclaré Mme Lagarde sur RTL.
"Là où l'Allemagne ne suit pas la France, et là où la France ne suit pas l'Allemagne, c'est que sur les dettes souveraines, nous ne l'avons pas fait et ne le ferons pas" (l'interdiction des ventes à découvert, ndlr), a-t-elle ajouté.
L'Autorité allemande des marchés financiers a annoncé mardi l'interdiction des ventes à découvert de certains produits financiers jusqu'au 31 mars 2011.
"C'est une mesure qui doit être prise en concertation" au niveau européen, a regretté Mme Lagarde.
Les ventes dites "à découvert" permettent à des opérateurs de marchés boursiers, grâce à des mécanismes financiers sophistiqués, de vendre des titres qu'ils ne possèdent pas encore, avec l'espoir de les racheter à un moindre prix.
Outre les emprunts d'Etats de la zone euro, l'interdiction allemande concerne les ventes à découvert sur certains types de CDS (Credit default swaps, sorte d'assurance contre le risque de faillite d'un pays ou d'une entreprise) et sur les actions de dix établissements financiers.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, avait soutenu mercredi la décision de l'Allemagne et invité les autres pays européens à étudier la possibilité d'une action concertée sur ce thème.
Mme Lagarde avait déjà estimé mercredi qu'il n'était "pas inutile" que les transactions sur le marché obligataire "puisse continuer sans que soit interdite la vente à découvert", "pour des besoins de liquidité".
Plusieurs fois suspendues sur les grandes places financières mondiales, les ventes à découvert ont été à de nombreuses reprises montrées du doigt depuis le début de la crise financière.