La Grèce a demandé mardi le versement immédiat de 20 milliards d'euros, première tranche du plan de sauvetage de l'UE et du FMI, dans un climat d'incertitude marqué par une baisse des marchés malgré l'accord historique de soutien à la zone euro.
Le ministère des Finances a envoyé dans la journée une lettre à la Commission européenne, à la Banque centrale européenne (BCE) et au Fonds monétaire international demandant un premier versement de 20 milliards d'euros, sur un plan de 110 milliards d'euros sur trois ans, adopté définitivement vendredi.
Première phase d'un mécanisme inédit, les 5,5 milliards d'euros promis par le FMI devraient être versés mercredi, mais le reste de la somme fournie par l'Union européenne n'est pas attendu avant le début de la semaine prochaine, a précisé à l'AFP le ministère grec des Finances.
Une bouffée d'air frais pour la Grèce qui avait reconnu fin avril ne pas être en mesure de rembourser, le 19 mai, 9 milliards de prêts obligataires arrivant à échéance, du fait de l'envolée des taux du marché.
Mais en échange de ces prêts, la Grèce s'est engagée à une cure d'austérité draconienne pour réduire son déficit public qui frôlait 14% du PIB en 2009.
Une rigueur qui passe mal dans le pays, même si une majorité de Grecs disent pour l'heure l'accepter. Les syndicats ont annoncé une manifestation mercredi alors que le gouvernement a adopté un projet de réforme des retraites prévoyant une réduction des pensions de 7% en moyenne d'ici à 2015 et un report de l'âge de départ à la retraite.
Le gouvernement craint de nouveaux débordements après une grève générale endeuillée mercredi dernier par la mort de trois personnes dans l'incendie d'une banque en marge des défilés.
La Grèce fait figure de laboratoire pour les autres pays européens auxquels la Commission européenne demande de réduire des déficits élevés qui mettent en doute la solidité de la zone euro.
La Commission va proposer mercredi de renforcer la gouvernance économique de l'Union monétaire à travers notamment un meilleur contrôle des budgets nationaux.
Principale idée: soumettre les projets de budgets des Etats à l'examen de Bruxelles et des ministres des Finances de la zone euro, qui donneraient ou non leur feu vert, avant qu'ils ne soient présentés aux Parlements nationaux.
"C'est le coeur de notre proposition, une mesure que nous jugeons absolument nécessaire si l'on veut renforcer l'Union économique et monétaire", a souligné le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.
Si les Bourses avaient salué lundi dans l'euphorie l'accord historique d'un plan de soutien à la zone euro pouvant atteindre 750 milliards d'euros, elles se montraient prudentes mardi, ouvrant en nette baisse. A New York, le Dow Jones perdait 0,67% et le Nasdaq 1,00%, avant de passer dans le vert à la mi-journée
Après un net repli, certaines Bourses européennes terminaient à la baisse mais sans excès: celle de Paris cédait 0,73%, celle de Milan 0,46% et Londres terminait en baisse de 0,99%, après des rumeurs selon lesquelles une alliance entre libéraux-démocrates et conservateurs pourrait finalement émerger.
L'indice Dax des trente valeurs vedettes de la Bourse de Francfort a terminé en hausse de 0,33%.
En revanche, à la clôture, l'indice ATHEX de la Bourse d'Athènes perdait 2,47%, la Bourse de Lisbonne reculait de 2,20% et celle de Madrid de 3,32%.
Conscients d'une situation encore loin d'être stabilisée, les ministres européens des Finances ont affirmé que l'Espagne et le Portugal annonceraient cette semaine de nouveaux plans d'économies. Le commissaire européen, Olli Rehn, a précisé que les mesures envisagées seraient examinées le 18 mai.
L'Italie "doit poursuivre ses efforts de consolidation budgétaire" et la France "doit aussi accélérer sa consolidation", a-t-il ajouté.
Le FMI, qui a estimé que l'endettement public avait atteint la cote d'alerte dans la plupart des pays européens, a préconisé de "vigoureux efforts de rééquilibrage" malgré une reprise "modérée et inégale".
L'Organisation de coopération et développement économiques (OCDE) a jugé que le plan de l'UE, "crédible", allait permettre de "fournir le temps nécessaire pour examiner objectivement" la situation de chaque pays.
L'agence de notation Moody's a estimé qu'il constituait "potentiellement un pas décisif vers une meilleure intégration" des politiques budgétaires de la zone euro. L'heure est à la "surveillance budgétaire" en Europe, et des budgets nationaux assainis ne pourront avoir qu'un effet positif sur la note des Etats de la région, a ajouté l'agence.
Enfin, la Confédération européenne des syndicats (CES) a elle dénoncé un prix social très élevé, mettant en garde contre une Europe qui serait perçue "comme une organisation qui ignore la croissance, l'emploi et le bien-être".