Les banques centrales européennes ont commencé l'achat d'obligations d'Etat afin de venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté financière et calmer les marchés, a indiqué lundi le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet.
Ces rachats de titres de dette européens ont "commencé ce matin", a indiqué le patron de la BCE lors d'une conférence de presse au siège de la Banque des règlements internationaux à Bâle (nord de la Suisse).
La plupart des grandes Banques centrales de la planète, dont la BCE, ont annoncé dans la nuit de dimanche à lundi des mesures concertées et exceptionnelles destinées à rassurer les marchés avant leur ouverture et ramener la stabilité financière dans la zone euro.
Les investisseurs s'inquiètent en particulier de la situation de la Grèce et redoutaient ces derniers jours une contagion à l'Espagne et au Portugal. Ces craintes ont provoqué un vent de panique sur les marchés la semaine dernière qui ont clôturé vendredi sur des chutes considérables.
M. Trichet a par ailleurs défendu "l'indépendance" de son institution face à certaines critiques d'analystes soulignant la lenteur de sa réaction face à la déroute et laissant entendre que la banque avait cédé à des pressions politiques.
La BCE a agi de manière "totalement indépendante", a assuré le responsable.
"Cette décision est la décision du conseil des gouverneurs (de la BCE) et n'est pas le résultat d'une quelconque pression", a-t-il ajouté expliquant: le conseil "a jugé qu'il fallait prendre rapidement une décision, donc c'est ce que nous avons fait".
"Nous n'avons demandé à personne s'il fallait faire quelque chose ou pas", a insisté le patron de la BCE.
L'intervention des banques s'est faite parallèlement à un plan de secours historique de l'Union européenne mis en place avec le Fonds monétaire international (FMI) pouvant aller jusqu'à 750 milliards d'euros pour aider les pays de la zone euro en détresse financière.
Concrétisation des achats de titres par les banques centrales, les taux des obligations d'Etat de la Grèce ont plongé lundi, passant de 12,43% vendredi soir à 6,71% lundi vers 16H40 (14H40 GMT) pour les obligations à dix ans.
Les prix de ces obligations, qui évoluent dans le sens opposé, ont bondi de 36% par rapport aux cours de vendredi soir.
Les taux des obligations espagnoles, portugaises, irlandaises et italiennes se détendaient également lundi.
"Le fait de ne pas annoncer sur quels volumes portent les rachats est sans doute la meilleure approche, car cela laisse toute latitude aux banques centrales", a commenté Jean-François Robin, stratégiste obligataire chez Natixis.