Les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis publiés vendredi se sont révélés bien meilleurs que prévu et corroborent l'idée d'un renforcement de la reprise, même si les créations de postes n'ont pas empêché une remontée du chômage.
Par rapport à mars, les Etats-Unis ont créé 290.000 emplois nets en avril, selon le rapport mensuel sur l'emploi du département du Travail.
Ce chiffre est bien supérieur à la prévision médiane des analystes, qui était de 187.000, et représente le plus fort solde positif pour l'emploi mesuré depuis mars 2006.
Autre bonne nouvelle pour l'économie américaine, le ministère a revu en forte hausse les chiffres des mois précédents: les embauches nettes ne cessent de s'intensifier depuis le retour du pays à la création d'emplois en janvier.
"Le rapport sur l'emploi d'avril est la meilleure preuve à ce jour qu'une reprise économique indépendante de l'aide des autorités est en train de prendre racine", estime Sal Guatieri, économiste de BMO Capital Markets.
"C'est un rapport très encourageant, soutenant notre opinion selon laquelle les entreprises ont répondu et vont continuer de répondre au rebond de la demande en contribuant à la croissance de l'emploi", juge Peter Newland, de Barclays Capital.
Le président américain Barack Obama, qui a fait de l'emploi la priorité de sa politique en 2010, a jugé "très encourageantes" les données du ministère.
Sa conseillère économique Christina Romer a néanmoins jugé que la montée du chômage rappelait le chemin restant "à faire avant que l'économie ne soit totalement remise".
En effet, l'accélération des créations d'emplois n'a pas empêché le taux de chômage de remonter à 9,9% (après trois mois de stabilité à 9,7%), son plus haut niveau depuis décembre.
Cette hausse s'explique par un afflux de personnes comptabilisées dans la population active: il s'agit de nombreux chômeurs qui, jusque-là découragés, se remettent à chercher un emploi et retrouvent ainsi une existence statistique.
C'est un phénomène naturel au sortir d'une récession, et les économistes privilégient le nombre des créations d'emplois pour se faire une idée de la force de la reprise.
Analyste de la banque française Natixis, Inna Mufteeva voit un "signe d'amélioration" dans le "fort" rattachement de chômeurs à la population active révélé par les chiffres, même si les nouveaux arrivants ne retrouvent pas tous un travail immédiatement.
Il faudra plusieurs années pour que le pays récupère les quelque huit millions d'emplois perdus en 2008-2009.
Néanmoins, le rythme mensuel des créations d'emplois apparaît désormais plus rapide que ce qu'escomptait le gouvernement. Celui-ci avait indiqué en février tabler sur 95.000 embauches nettes en moyenne par mois en 2010. Les chiffres du ministère révèlent une moyenne de 128.000 emplois supplémentaires par mois depuis le début de l'année.
Le ministère indique que plus de 84% des 573.000 emplois créés depuis décembre l'ont été par le secteur privé. De plus, tous les grands secteurs d'activité à l'exception de deux (la presse et les transports) ont contribué aux créations d'emplois du mois.
M. Guatieri rappelle cependant que "le niveau élevé du chômage, la désinflation et la nervosité liée à la dette publique en Europe" sont autant de menaces pour l'avenir, ce qui laisse penser que la banque centrale devrait continuer de soutenir l'économie au maximum en maintenant son taux directeur quasi nul jusqu'au mois de novembre au moins.