L'annonce d'un possible abaissement de la note de la dette du Portugal et les violences lors des manifestations en Grèce, qui ont fait trois morts, ont fait chuter les Bourses européennes mercredi et plonger l'euro sous 1,28 dollar, son plus bas niveau en plus d'un an.
Les Bourses des pays du sud de l'Europe étaient particulièrement touchées: après une perte de plus de 5% mardi, la Bourse de Madrid perdait encore 2,27% à la clôture et Lisbonne 1,52%, tandis que la Bourse d'Athènes dégringolait de 3,91%.
Les autres Bourses étaient en baisse, mais résistaient un peu mieux: Paris perdait 1,44%, Londres 1,28%, Francfort 0,81%, Milan 1,27% et Amsterdam 1,51%.
Ces craintes ont aussi affecté Wall Street, où le Dow Jones, qui avait connu mardi sa pire séance en trois mois, a encore perdu 0,55%. Le Nasdaq a lâché 0,91%.
Mercredi en début d'après-midi, l'agence de notation financière Moody's a annoncé qu'elle envisageait d'abaisser la note de la dette souveraine du Portugal "dans les trois mois" en raison de la "récente détérioration des finances publiques et des faibles perspectives de croissance à long terme" du pays.
L'euro a aussitôt accentué sa baisse, franchissant deux seuils symboliques dans la journée en tombant d'abord sous le seuil de 1,29 dollar puis momentanément sous celui de 1,28 dollar en toute fin de journée pour la première fois depuis mars 2009.
Vers 21H30 GMT (23H30 à Paris), l'euro valait 1,2810 dollar contre 1,2988 dollar mardi soir, après avoir touché 1,2790 dollar vers 21h00 GMT.
La veille, l'euro avait déjà lourdement chuté face au billet vert, pénalisé par des rumeurs selon lesquelles d'autres agences de notation allaient abaisser la note de l'Espagne, dans le sillage de l'agence Standard & Poor's une semaine auparavant.
Ces rumeurs faisaient également état d'une possible demande par Madrid d'une aide financière colossale au Fonds monétaire international (FMI), malgré les fermes démentis de l'organisme et du gouvernement espagnol.
Sur le marché des matières premières, le baril de pétrole brut a plongé pour le deuxième jour de suite, finissant à New York sous les 80 dollars pour la première fois depuis le 15 mars (à 79,97 dollars).
En matinée pourtant, les places boursières européennes s'étaient ressaisies, après la publication de prévisions de croissance revues à la hausse par la Commission européenne.
Selon Bruxelles, le Produit intérieur brut de la zone euro devrait augmenter cette année, avec 0,9% de croissance au lieu de 0,7%, et 1% au lieu de 0,7% pour l'ensemble des 27 pays de l'UE.
La prévision a été revue à la hausse pour le Royaume-Uni, avec 1,2% contre 0,6%, mais la Grèce s'enfonce avec -3,0% contre -0,3% précédemment. Le marché des obligations a également connu quelques tensions, particulièrement sur les titres des dettes grecque et portugaise, signe des craintes des marchés quant à la capacité de ces pays à rembourser leur dette.
Les taux sur les obligations grecques à dix ans ont dépassé la barre des 10% mercredi, tandis que les taux longs portugais ont dépassé les 5,7%. Par comparaison, l'Allemagne, bon élève de la zone euro, offre des taux de 2,8%.