L'Espagne "respectera strictement" son plan de réduction des déficits publics, a affirmé mercredi le chef du gouvernement socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero, alors que les marchés craignent pour l'Espagne une dérive similaire à celle de la Grèce.
"Le gouvernement va respecter avec une totale détermination" son plan de réduction du déficit public à 3% du PIB en 2013, contre 11,2% actuellement, a déclaré M. Zapatero à l'issue d'un entretien avec le chef de l'opposition de droite Mariano Rajoy.
Le gouvernement est déjà en train de réduire les dépenses publiques comme il a promis de le faire à hauteur de 5 milliards d'euros en 2010, a-t-il souligné, se disant prêt à informer régulièrement le parlement sur l'application de ces mesures.
"Nous respecterons strictement (nos engagements, ndlr) en 2011, comme nous le ferons en 2012", et cela se reflètera dès la prochaine loi de finances, dont le projet sera présenté à l'automne, a souligné M. Zapatero.
M. Zapatero a toutefois écarté toute mesure d'austérité additionnelle, comme le réclame la droite. D'accord pour réduire les déficits, a-t-il insisté, mais "sans que cela ne mette en danger la reprise" et à condition "que cela n'empêche pas la croissance économique".
Face aux attaques "spéculatives" des marchés qui ont fait plonger mardi la Bourse de Madrid de plus de 5%, M. Zapatero a opposé les "premiers indicateurs positifs de sortie de crise", qui ne sont "pas des rumeurs, mais des faits".
Il a évoqué la reprise de la production industrielle et la légère réduction du chômage en avril, mais a surtout suggéré que l'Espagne serait sortie au 1er trimestre de la récession dans laquelle elle est engluée depuis fin 2008.
"Il y a des motifs pour la confiance. J'accorde une importance spéciale à l'évolution du PIB qui sera connue dans les prochains jours", a-t-il déclaré.
MM. Zapatero et Rajoy ont annoncé un accord pour restructurer les caisses régionales et modifier la législation les régissant.
Ces caisses sont partiellement contrôlées par les pouvoirs politiques régionaux et pour certaines fortement exposées à l'éclatement de la bulle immobilière espagnole en 2008.
Mais ils ont pour le reste étalé leurs désaccords sur la vigueur et le rythme souhaitable des mesures pour sortir l'Espagne de l'ornière, en matière de réduction des déficits mais aussi sur la réforme du marché du travail en cours de négociations depuis déjà deux ans.
"Nous ne pouvons pas continuer ainsi, nous sommes dans une situation critique comme l'illustre la dramatique situation de l'emploi" en Espagne, a critiqué M. Rajoy, se posant en "alternative" et critiquant l'inaction du gouvernement.
"La Bourse de Madrid a pris une énorme claque hier. Et au lieu de rejeter la faute sur les uns ou les autres, ce que doit faire le gouvernement c'est gouverner. Moins de commentaires et plus de décisions", a fustigé M. Rajoy.
"L'Espagne n'est pas la Grèce, mais ce qui arrive à la Grèce lui arrive parce qu'elle a dépensé plus qu'elle n'avait", a-t-il ajouté pour plaider en faveur de coupes claires drastiques dans les dépenses publiques espagnoles.