Au vu de la crise grecque, la France "prend un risque majeur" si elle continue à ne pas respecter les engagements du programme de stabilité européen en matière de déficits, a estimé mercredi le rapporteur général UMP de la commission des Finances du Sénat, Philippe Marini.
"La France n'a jamais réalisé son programme de stabilité", qui fixe la limite annuelle des déficits publics à 3% du Produit intérieur brut et celle de la dette publique à 60% du PIB, a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse.
"A partir d'aujourd'hui, si on estime pouvoir continuer, on prend un risque majeur, systémique", a-t-il estimé.
Dans son programme de stabilité transmis fin janvier à Bruxelles, le gouvernement français prévoyait de réduire le déficit public, qui devrait atteindre 8,0% du PIB cette année, à 6,0% en 2011, puis 4,6% en 2012, pour revenir à la limite autorisée des 3% en 2013.
Mais la Commission européenne, tout en jugeant ces prévisions optimistes, avait regretté que certaines mesures visant à réduire les déficits ne soient pas détaillées.
"La crise grecque contribue à une prise de conscience, on n'a plus le droit au double langage", a affirmé M. Marini.
Pour résorber le déficit public français, la Commission des Finances du Sénat propose ainsi que "toute décision qui affecte le solde budgétaire soit prise en loi de finances ou en loi de financement de sécurité sociale" uniquement.
"Le tableau de chiffres qu'on envoie à Bruxelles devrait faire l'objet d'un débat au Parlement avec un vote annuel sur le programme de stabilité et de croissance", a aussi lancé Jean Arthuis, le président centriste de la Commission des Finances.
Mais pour que la France tienne ses objectifs, "l'équilibre des comptes publics" ne suffira pas, "il faudra aussi de la croissance", a souligné M. Arthuis, qui prône une réforme totale de la fiscalité pour améliorer la compétitivité française.
"De l'ampleur de la réforme des retraites va dépendre l'appréciation que (nos voisins) vont porter sur nous", a-t-il ajouté.
Aux yeux de la Commission des Finances du Sénat, la crise grecque doit servir de leçon à tous les pays de la zone euro: "on ne peut plus envoyer des documents pluriannuels à Bruxelles sans avoir l'intention de les mettre en oeuvre", a dit Philippe Marini.
Il a jugé "indispensable de mettre en place une autorité européenne des comptes publics", qui permette d'homogénéiser et de comparer les données budgétaires et financières des différents Etats.
"La Cour des comptes de chaque Etat devrait diligenter des missions de contrôle et attester les comptes de chacun", a renchéri Jean Arthuis.
Le fait d'avoir tant tardé à aider la Grèce "rend d'autant plus impératif le succès du plan" qui, s'il échoue, serait le dernier, ont-ils aussi prévenu.