Pour le troisième anniversaire de son élection à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy doit faire face à une situation économique et sociale particulièrement difficile, aggravée par les attaques contre la zone euro.
Chômage en hausse, déficits abyssaux, moral des Français en berne: trois ans après son élection, le 6 mai 2007, M. Sarkozy, qui avait promis la "rupture", demeure confronté à une difficile crise économique et sociale, sans précédent en Occident depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Même si le gouvernement table sur une reprise de l'activité, courant 2010, le président préfère jouer la prudence, réaffirmant que "la crise n'est pas terminée", d'autant qu'elle se double à présent des attaques contre la zone euro, via son maillon faible, la Grèce.
"L'heure n'est pas au bilan. Face à la crise dont les effets perdurent, le temps demeure résolument à l'action", affirme l'Elysée, dans un livret spécial publié mardi. En raison de cette crise, "l'ordre des priorités a dû être modifié", avec l'engagement de l'Etat dans "un soutien massif, sans précédent" à l'économie, fait-on valoir de même source.
Selon la présidence, ce n'est qu'au terme du quinquennat qu'"un bilan complet pourra être tiré". "Il reste encore deux ans de travail au gouvernement pour tenir les engagements pris en 2007", ajoute-t-on.
Toutefois, Nicolas Sarkozy et ses proches ont plusieurs fois ces derniers temps fait valoir que la France, avec une croissance révisée à la hausse par le FMI (1% en 2010, 1,5% en 2011), n'avait pas à rougir de ses résultats, comparés à ceux des autres pays européens.
Pour aller de l'avant, et alors que son impopularité ne se dément pas (34% d'approbation selon le tableau de bord Paris Match/Ifop publié mardi), le chef de l'Etat compte sur son action à l'international pour redorer son blason.
Il espère réitérer sa bonne performance du second semestre 2008 à la présidence de l'Union européenne --saluée à droite mais aussi à gauche-- avec celle du G20 (rassemblant les principales économies de la planète) à partir de novembre, pour une année.
M. Sarkozy compte mettre au coeur de cette présidence la nouvelle gouvernance mondiale qu'il appelle de ses voeux depuis le semi-échec de la conférence de Copenhague sur le climat en décembre dernier, et le nouvel ordre monétaire international, tout en réaffirmant son souhait de voir émerger une "véritable régulation du capitalisme financier".
Pour convaincre ses partenaires de le rejoindre sur cette lignée, il a entamé, avec sa récente visite d'Etat en Chine, une série de déplacements qui devraient également le conduire en Inde et en Turquie à la fin de l'année, ou encore au Japon début 2011.
Au plan intérieur, où l'action de son gouvernement est dénoncée par la gauche qui lui reproche notamment le maintien d'un bouclier fiscal --perçu comme "injuste" jusque dans la majorité--, la délicate réforme des retraites tient désormais le devant de la scène.
Cette réforme --dont la perspective n'a pas mobilisé les manifestants du 1er mai autant que souhaité par les syndicats-- devra être bouclée en 2010, un projet de loi étant d'ores et déjà annoncé pour septembre.
Sur d'autres sujets, la détermination du président a faibli, notamment en matière d'environnement. Ainsi, la taxe carbone, qu'il présentait lui-même comme aussi importante que l'abolition de la peine de mort, a été renvoyée aux calendes grecques.
Lui-même a annoncé une "pause" dans les réformes au second semestre 2011, précisément au moment où il a prévu d'annoncer s'il sollicitera ou non à un second mandat à l'Elysée.