L'agence de notation Standard and Poor's a abaissé de trois crans la note de la Grèce, de "BBB+" à "BB+", la reléguant dans la catégorie des investissements spéculatifs, selon un communiqué publié mardi.
Cette décision prend en compte les "défis politique, économique et budgétaire auxquels doit faire face le gouvernement grec dans ses démarches pour aboutir à un allègement pérenne de sa dette", écrit l'auteur de la note.
Malgré son appel formel à l'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) la semaine dernière, la Grèce n'est pas parvenue à rassurer les marchés, qui craignent un défaut de paiement ou une restructuration de sa dette.
L'agence estime que dans un tel scénario, seules 30 à 50% des créances en moyenne seraient honorées.
Cette décision pourrait être très lourde de conséquence, car les banques européennes ne peuvent théoriquement obtenir des financements auprès de la Banque centrale européenne (BCE) qu'en apportant en échange des actifs notés au moins BBB-.
Les obligations grecques ne rentrent plus dans cette catégorie et ne peuvent donc plus servir de garanties aux banques pour emprunter.
Selon plusieurs stratégistes obligataires, la BCE a néanmoins déjà laissé entendre qu'elle pourrait faire exception pour les obligations d'Etat et accepter des actifs moins bien notés que BBB-.
"Je pense que la BCE va dire rapidement que les collatéraux souverains (les obligations d'Etat, ndlr) ne sont pas concernés" par les critères de notation, estime Guillaume Sciard, stratégiste chez Barclays.
Pour lui, la banque centrale aurait intérêt à déroger à l'un de ses principes fondamentaux en rachetant des obligations grecques sur les marchés, afin de calmer la spéculation et de faire baisser les taux.
Mais M. Sciard considère que "le problème actuel est plus celui des banques grecques que celui de l'Etat grec".
Dans la foulée de sa décision sur l'Etat grec, Standard and Poor's a abaissé de trois crans également la note des quatre principales banques du pays, à "BB".
Pour plusieurs stratégistes obligataires, les banques grecques pourraient ne plus pouvoir se refinancer sur le marché monétaire dès demain, ce qui les contraindrait à se tourner systématiquement vers la BCE.
"La BCE acceptera sûrement, mais exigera sans doute que les banques se restructurent fortement et cherchent des partenaires", selon M. Sciard, pour qui "on peut déjà dire que la Grèce risque de perdre toute autonomie financière".