Des milliers d'employés d'Airbus en France ont fait grève vendredi et menacé de durcir leur action pour des augmentations de salaire et des embauches, refusant une rigueur financière injustifiée selon eux ainsi que les transferts d'activité vers l'Allemagne.
"Nous sommes entre sept et dix mille salariés réunis. L'usine est vide", a dit Jean-François Knepper, délégué de Force Ouvrière s'adressant aux employés du site principal de Toulouse appelés par l'intersyndicale, comme ceux de Nantes et Saint-Nazaire, à débrayer pendant une heure et demie.
A Nantes, 75 % du personnel a fait grève, selon Jean-Yves Gergaud (CFDT). A Saint-Nazaire, le mouvement a été suivi par près d'un millier de salariés, a affirmé Ludovic Martineau (CFDT).
Ce n'est qu'un début, a prévenu M. Knepper: l'intersyndicale se réunira à nouveau lundi matin pour décider d'autres actions pour le jour même, "afin de faire plier la direction". Les salariés pourraient "bloquer la production", a-t-il mis en garde.
La direction d'Airbus a fait vendredi "des avancés significatives" en terme de propositions d'augmentation, soit "1,9% toutes mesures confondues", lors d'une réunion de négociations avec la direction au siège d'Airbus, a indiqué pour sa part à l'AFP le directeur général en charge des ressources humaines, Thierry Baril.
Mais pour l'intersyndicale, il s'agit d'abord d'obtenir au moins 3,5% d'augmentation des salaires, autant qu'en 2009. La proposition de la direction d'augmenter les salaires de 1,9% seulement est "inacceptable" et "unanimement rejetée" par l'intersyndicale FO-CFE/CGC-CFTC-CGT-CFDT, a déclaré M. Knepper.
"On ne peut pas découpler de la situation économique la politique salariale", a souligné pour sa part M. Baril en dénonçant les positions "déraisonnables" de certaines organisations syndicales qui "attendent toujours de notre part une politique salariale entre 3,5 et 5% qui ne peut pas du tout coller avec la situation actuelle".
La proposition de la direction, a-t-il dit, se situe "dans la fourchette haute de ce qui se pratique au niveau de l'industrie, dans les entreprises métallurgiques ou aéronautiques", soit "entre 1,5 et 2% maximum, certaines étant même bien en dessous de 1,5%".
L'intersyndicale réclame aussi une reprise des embauches après l'application du plan Power 8 qui a signifié non seulement la suppression de milliers d'emplois ces dernières années, mais une détérioration des conditions de travail selon elle.
Les salariés de Toulouse font écho aux inquiétudes quant à l'avenir de l'industrie française et s'émeuvent de la décision, confirmée lundi par le président Thomas Enders, de faire construire en Allemagne le successeur du moyen-courrier à succès A320.
"Le programme A320 fait vivre l'entreprise, et si les salariés allemands ont le droit de vivre, les salariés français aussi", a déclaré le délégué FO. "Si on ne garde à Toulouse que les programmes qui sont en souffrance on voit le danger de ne garder en France que la part de l'industrie qui boite et risque à terme de disparaître", a-t-il estimé.
Airbus, a souligné de son côté M. Baril, a "recruté en 2009 1.700 personnes, dont la moitié en France et en particulier à Toulouse. Et en 2010 nous allons recruter 1.500 personnes, dont la moitié en France, et notammment à Toulouse".
La direction a "proposé un délai de réflexion de 10 jours" aux partenaires sociaux pour que ses propositions soient examinées, a-t-il noté.