
Le monde bancaire était plutôt hostile mercredi aux projets de taxation des institutions financières élaborés par le Fonds monétaire international, et divulgués par la BBC, alors que les politiques et Bruxelles soutenaient l'initiative.
Le Commissaire européen chargé des services financiers, Michel Barnier, a ainsi déclaré mercredi soutenir les projets du FMI soulignant que l'Europe travaillait déjà dans ce sens.
De son côté, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a fait part de sa "satisfaction". L'Allemagne a elle pris les devants en adoptant le 31 mars dernier, en conseil des ministres, le principe de l'instauration d'une taxe sur les banques.
Les banquiers sont toutefois beaucoup plus circonspects. La Fédération bancaire européenne a ainsi critiqué mercredi cette proposition du FMI, estimant que cela limiterait la capacité des instituts à octroyer des prêts.
"Nous ne sommes pas demandeurs" de telles taxes, mais on peut s'il le faut soutenir l'idée d'une taxe dans une logique de fonds de prévoyance" pour l'avenir, a déclaré à l'AFP son secrétaire général, Guido Ravoet.
"Mais deux taxes c'est trop", a-t-il estimé.
Il a fait valoir que le secteur bancaire allait devoir déjà faire face à un renforcement de la régulation et de la supervision du secteur en Europe, et à un durcissement des exigences de fonds propres au niveau international.

En Grande-Bretagne, un des principaux centres financiers en Europe, l'Association des banquiers britanniques (BBA) a indiqué vouloir examiner dans le "détail" ces projets, mais n'a pas caché sa méfiance. "Toutes les taxes ont un impact et davantage de taxes ont davantage d'impact", a-t-elle ajouté.
Côté français, la Fédération bancaire française (FBF) a indiqué la semaine dernière qu'une "taxe sur les banques est une fausse solution" et selon un porte-parole interrogé mercredi, cette réaction est "toujours d'actualité".
En Allemagne, la réaction a été plus nuancée. La fédération allemande des banques privées (BdB) a rappelé mercredi la nécessité d'une harmonisation des critères de la taxe sur les institutions financières au sein de l'UE et des pays du G20, et de l'extension de cette taxe à l'ensemble du secteur financier (assurances, fonds spéculatifs).
En revanche la BdB "rejette strictement une taxation des bénéfices des instituts financiers et des rémunérations de leurs salariés" car celle-ci "servirait uniquement à procurer des moyens supplémentaires à l'Etat.
Même son de cloche du côté italien. Pour Giovanni Sabatini, directeur général de l'Association des banques italiennes (ABI), "une taxation destinée à financer les déficits publics n'a aucun sens. Si on parle en revanche d'un prélèvement destiné à financer un fonds qui puisse contribuer à contenir les risques systémiques, il s'agit d'une hypothèse qui peut être prise en compte".
Selon la BBC, le FMI va proposer deux taxes sur les banques vendredi prochain, à l'issue d'une mission qui lui avait été confiée par les chefs d'Etat et de gouvernement du G20, qui regroupe pays riches et émergents.
La première taxe serait proportionnelle au profil de risque de la banque.
La deuxième taxe serait calculée sur les bénéfices et les rémunérations de l'ensemble du secteur bancaire et financier d'un pays, et pourrait alimenter son budget général.
Le FMI n'exclut pas que ces taxes soient appliquées de manière diversifiée par les pays du G20, à condition toutefois qu'ils se mettent d'accord sur des taux minima pour ces deux taxes.
Avant même la présentation officielle de ces projets, les Bourses européennes ont réagi aux divulgations de la BBC. Les valeurs bancaires ont été en net recul mercredi en Europe.