La Grèce, engluée dans une tourmente financière sans précédent, a réussi mardi à placer 1,95 milliard d'euros de bons du Trésor à trois mois et a exclu d'être "à découvert" au mois de mai.
L'émission a suscité une forte demande mais le taux de 3,65% est plus du double de celui de 1,67% fixé lors de la dernière opération similaire de la Grèce le 19 janvier dernier, a indiqué l'Office de la dette.
"L'adjudication s'est très bien passée. Elle a été sursouscrite plus de 4 fois, c'est le taux le plus élevé que l'on ait vu pour la Grèce", a commenté une source bancaire.
Le placement des bons du Trésor "a réduit nos besoins d'emprunt pour le mois de mai à 10 milliards d'euros", a affirmé le ministre grec des Finances Georges Papaconstantinou.
Les taux des obligations d'Etat grecques ont toutefois poursuivi mardi leur envolée, atteignant un nouveau plus haut historique depuis l'entrée du pays dans la zone euro, au-dessus de 7,8%. A 17H50 (15H50 GMT), le taux était de 7,851%.
Le différentiel ("spread") avec l'emprunt allemand à 10 ans qui sert de référence au marché s'élevait à 475 points de base contre 455 lundi. Cela signifie que la Grèce doit offrir un surplus de 4,75 points de pourcentage par rapport à l'Allemagne pour emprunter sur les marchés.
M. Papaconstantinou a exclu mardi que son pays "soit à découvert au mois de mai". "Pour le mois de mai, nous trouverons des fonds sur les marchés ou avec le mécanisme", a-t-il dit dans une conférence de presse.
Athènes décidera d'activer le mécanisme d'aide européen "quand elle le jugera nécessaire et cela dépendra des conditions d'emprunt et des progrès des discussions" avec l'UE et le FMI, a-t-il ajouté.
Si la Grèce en fait la demande, ce mécanisme d'aide prévu par l'eurozone "sera très vite approuvé et l'accord prévoit des prêts à court terme", selon lui.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a laissé entendre mardi que le taux d'intérêt de 5% retenu pour les prêts envisagés par la zone euro en faveur de la Grèce était trop élevé: "Malheureusement la seule solution possible était celle-là", a-t-il déclaré.
La Commission européenne a insisté pour que le gouvernement grec précise les mesures supplémentaires qu'il envisage en vue de continuer à réduire son énorme déficit en 2011 et 2012.
La Grèce doit "se serrer la ceinture", mais "lui prêter l'argent salvateur à des taux élevés n'a pas de sens, car on rendrait son redressement impossible", a estimé l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Olivier Blanchard, dans un entretien au journal Le Monde.
Très attendue, l'émission de bons du Trésor est intervenue à la veille de discussions avec le FMI et l'UE sur les détails techniques d'un éventuel plan d'aide au pays lourdement endetté.
Les ministres de la zone euro ont décidé un programme d'aide à la Grèce, qui doit couvrir une période de trois ans, avec un volume de crédits allant jusqu'à 30 milliards d'euros, au taux de 5%, pour la première année. A cette aide devrait s'ajouter un apport du FMI, de 10 à 15 milliards d'euros.
La Grèce pourrait en fait avoir besoin de 80 milliards d'euros pour éviter la faillite, a affirmé le président de la Bundesbank Axel Weber, cité par le Wall Street Journal.
Les discussions qui doivent débuter mercredi à Athènes entre les responsables grecs, le FMI et la Commission européenne "aideront à progresser", a estimé M. Papaconstantinou, en précisant que la discussion "avec la délégation FMI-UE, forte de 20 personnes, durera une dizaine de jours".
"Il n'est pas certain que dans ce délai un accord soit conclu" sur les modalités de l'aide, l'objectif est d'arriver au moins à un "cadre d'accord", a expliqué le ministre.