
La compagnie de ferries SeaFrance va se placer dès vendredi sous la tutelle du tribunal de commerce de Paris, étant "sur le point d'arriver aux limites de sa trésorerie", a annoncé jeudi une porte-parole de la compagnie.
"La situation est grave. Nous sommes sur le point d'arriver aux limites de notre trésorerie. C'est pourquoi nous allons nous placer sous la tutelle du tribunal de commerce de Paris", a déclaré la porte-parole à l'AFP.
Cette décision, "prise dans le but d'éviter la cessation de paiement et la liquidation", a été annoncée jeudi lors d'un comité d'entreprise extraordinaire. "Elle devrait déboucher sur un nouveau plan de redressement et la nomination d'un administrateur judiciaire très prochainement", a expliqué la porte-parole.
"Le nouveau plan de redressement sera probablement plus dur que le précédent", qui prévoyait une suppression de 482 emplois sur les 1.580 de SeaFrance, a-t-elle ajouté.
Le président du directoire de SeaFrance, Pierre Fa, ira déposer le dossier vendredi à 9H30 au tribunal de commerce de Paris, a-t-elle précisé.
Selon la direction, "c'est la grève de Pâques, qui a entraîné une perte de 1,25 million d'euros pour la compagnie, déjà lourdement endettée, qui nous a poussé à prendre cette décision. Ca a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", affirme-t-elle.
Une version que conteste la CFDT, pour qui "ce sont les mauvais choix du premier plan de redressement qui ont conduit la compagnie là où elle en est aujourd'hui. Pierre Fa avait fait le pari de réduire l'offre de dessertes. Cela a échoué, et on en paie aujourd'hui les conséquences", explique Didier Cappelle, secrétaire de la CFDT Maritime.
Selon lui, "expliquer que la mise sous tutelle résulte de la grève est totalement fantaisiste. C'est complètement faux ! La direction est trop contente de pouvoir nous mettre ça sur le dos, c'est tout".
Une partie du personnel de SeaFrance, qui protestaient notamment contre le manque d'effectifs à bord des navires et une baisse des salaires, avait maintenu à quai pendant cinq jours tous les ferries de la compagnie, interrompant ainsi le trafic passager durant tout le week-end de Pâques, l'un des plus chargés pour les liaisons trans-Manche.
Une soixantaine de salariés de SeaFrance ont par ailleurs manifesté jeudi matin, en parallèle du comité d'entreprise extraordinaire, devant le terminal ferry de la compagnie à Calais, portant une banderole "Sauvons SeaFrance", a constaté une correspondante de l'AFP.
Ces salariés, que les syndicats considèrent "téléguidés par la direction", affirment "vouloir faire entendre une autre voix que celle des syndicats ou de la direction".
Ils ont dénoncé dans un communiqué "le +jusqu'au boutisme+ dont certains font preuve", et qui pourrait conduire la compagnie "à un suicide collectif dont nous ne voulons pas".