La Grèce a émis mardi avec succès des bons du Trésor sur six mois et un an pour un montant de 1,560 milliard d'euros, une opération qui a suscité une très forte demande des investisseurs, après des jours d'incertitude marqués par la pression des marchés.
Athènes, qui opérait son retour sur les marchés après la concrétisation du plan d'aide européen au pays, a placé 780 millions d'euros de bons à 26 semaines à un taux de 4,55% et 780 millions d'euros de bons à 52 semaines à un taux de 4,85%, dépassant son objectif qu'elle avait fixé à 1,2 milliard d'euros.
Dès l'annonce du bon résultat de cette émission surveillée de près par les investisseurs internationaux, le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a affirmé que son pays entendait "continuer d'emprunter sans problèmes sur les marchés".
S'exprimant lors d'un débat au parlement, le ministre a répété que son pays "n'a pas demandé l'activation du mécanisme d'aide" européen annoncé dimanche par les dirigeants de la zone euro et prévoyant des prêts bilatéraux à hauteur de 30 milliards d'euros.
"Notre objectif reste de continuer à emprunter sans problème sur les marchés, comme nous l'avons fait aujourd'hui avec les bons du trésor", a-t-il ajouté.
L'opération, annoncée la semaine dernière par Athènes, avant l'accord sur le plan d'aide de la zone euro, était considérée par les analystes comme un test de l'attitude des marchés face à la Grèce étranglée par une dette publique colossale.
L'émission à 6 mois a suscité une demande sept fois supérieure au montant effectivement à vendre, selon la banque HSBC, qui faisait partie des établissements agréés pour l'opération. Quant à l'émission à un an, les offres ont dépassé six fois le montant alloué.
"C'est un très grand succès", a estimé Frédéric Gabizon, responsable de la dette souveraine européenne sur les marchés primaires au sein de HSBC.
"Cela signifie que le plan est salué par le marché", a expliqué un investisseur.
Pour Peter Chatwell, stratégiste chez Crédit Agricole CIB, "le marché a réagi de manière favorable ... et c?est un signe que les investisseurs traitent la Grèce sur des bases plus normales".
L'annonce du plan de la zone euro, auquel le FMI rajouterait vraisemblablement de 10 à 15 milliards d'euros, a déjà provoqué depuis lundi une chute spectaculaire des coûts auxquels Athènes devrait emprunter sur les marchés obligataires.
La somme dont la Grèce pourrait disposer si elle se décidait à activer le mécanisme zone euro-FMI dépasserait largement ses besoins de financement pour 2010, estimés à 32 milliards d'euros pour le reste de l'année par l'Organisme de gestion de la dette.
La ministre française de l'Economie Christine Lagarde a noté mardi qu'il n'y a pas de "confusion, ni de mésentente" entre Européens sur le déclenchement ou les modalités techniques de ce plan, qu'elle a qualifié d'"historique"
De son côté, le chef de la Banque centrale autrichienne Ewald Nowotny, également membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a estimé que le plan européen "a clairement désamorcé une situation particulièrement difficile", et a répété que du point de vue européen, il doit permettre "d'aider la Grèce à s'aider", en empêchant notamment des attaques spéculatives.
L'action des spéculateurs sur les marchés financiers a été dénoncée à de nombreuses reprises par les dirigeants grecs qui considèrent qu'en faisant grimper les taux d'intérêts ils ont aggravé la crise de confiance envers leur pays qu'ils ont promis de ramener rapidement dans les clous du pacte européen de stabilité en réduisant dès cette année le déficit budgétaire.