
Sanofi-Aventis a annoncé mercredi un vaste plan de restructuration de sa branche chimie en France d'ici 2014 et un "tournant" vers les biotechnologies, via un investissement de 150 millions d'euros, mais aussi la fermeture du site de Romainville et la nécessaire reconversion de 700 salariés.
"L'objectif est de faire évoluer d'ici 2014 l'activité industrielle chimique de Sanofi-Aventis en France principalement vers les biotechnologies et la production de vaccins, et d'anticiper les baisses de production consécutives à la chute des brevets de plusieurs médicaments majeurs issus de la chimie de synthèse", a expliqué le groupe, qui emploie dans l'activité chimie 4.250 personnes en France sur huit sites.
Les syndicats ont déploré "un nouveau plan de restructuration après ceux dans la recherche/développement et la visite médicale qui ont déjà supprimé 3.000 emplois".
Selon la CGT et la CFDT, "900 postes vont être supprimés dans la chimie pure" avec ce nouveau plan.
La direction ne confirme pas ce chiffre mais annonce un plan de formation aux biotechnologies pour 700 de ses collaborateurs et la fermeture d'ici fin 2013 du site de Romainville (Seine-Saint-Denis) où travaillent environ 250 personnes.
Le site de Neuville-sur-Saône (Rhône) va abandonner la chimie pour se consacrer essentiellement aux vaccins, et notamment celui contre la dengue avec, selon la CFDT, des effectifs - aujourd'hui de près de 800 personnes - qui vont très largement baisser.
Philippe Lescan, chargé des affaires industrielles, a assuré à l'AFP qu'il n'y aurait pas de licenciement et que Sanofi s'engageait à "maintenir le niveau de l'emploi industriel en France pendant quatre ans".
Des aides à la mobilité géographique, prioritairement au sein des bassins d'emplois de Lyon et Paris, sont également prévues.
Pour Thierry Bodin, délégué CGT, "c'est une annonce scandaleuse alors que le groupe a affiché 8 milliards de bénéfices en 2009". "Quelque 900 postes en moins, ce sont 20% des effectifs de la chimie en France qui sont supprimés", a-t-il ajouté.
Pour Jean-François Chavance, délégué CFDT, "c'est un constat très amer, car Sanofi ne joue pas son rôle de développeur de l'emploi en France malgré ses moyens".
"Ce sont bien des suppressions de postes dans la chimie, avec des mesures d'âge pour les plus de 55 ans et des aides à la mobilité pour les autres", a renchéri Yvette Leoni, déléguée centrale CFDT pour l'activité chimie. "Je pense qu'on n'évitera pas un plan de départs volontaires", avance-t-elle.
Pour la direction, ce plan est "un tournant industriel majeur", notamment pour la production de corticostéroïdes, dont Sanofi dit détenir 25 à 30% des parts de marché mondial.
Les sites de Saint-Aubin-Les-Elboeuf (Seine-Maritime) et de Vertlolaye (Puy-de-Dôme) vont bénéficier de 90 millions d'euros "consacrés à la mise en place d'un procédé de biosynthèse innovant" pour les corticostéroïdes. "Ces nouvelles activités s'accompagneront localement de création d'emplois", assure Sanofi-Aventis.
Ces nouveaux investissements d'un montant global de 150 millions d'euros viennent compléter les 350 millions investis à Neuville-sur-Saône et les 200 millions à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) depuis 2008, rappelle le groupe français, le tout dans le but de se positionner sur les biotechnologies.
Mais échaudés par le plan de restructuration en cours dans la recherche/développement (1.300 postes), après celui dans la visite médicale (900 postes), les syndicats craignent pour l'emploi. "A Vitry, il y a moitié moins de salariés qu'avant", souligne Jean-François Chavance.