"Injustifiée", "scandaleuse", la hausse en avril du prix du gaz de près de 10% confirmée jeudi a déclenché un concert de protestations au sein de l'opposition, des syndicats et des associations de consommateurs qui dénoncent la passivité d'un gouvernement "pickpocket".
La Commission de Régulation de l'Energie (CRE) a confirmé jeudi que les tarifs du gaz naturel, pour les quelque 10 millions de foyers concernés, allaient augmenter de 9,7% en moyenne au 1er avril, donnant son aval à une demande du groupe privé GDF Suez dont l'Etat détient encore 35,6%.
Interrogée en marge d'une conférence de presse sur le financement des petites et moyennes entreprises, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a expliqué qu'après une baisse de 11% en avril 2009, "cela s'équilibre un peu sur une période longue".
Selon elle, il faut "qu'on soit sur des bases de vérité des prix" et "on ne peut pas être dans des situations et dans des logiques de subvention".
La ministre a ajouté que, pour le gaz comme pour l'électricité, "nous avons des tarifs sociaux qui sont destinés aux catégories les plus défavorisées".
De nombreuses critiques se sont élevées dès mercredi pour dénoncer une décision pesant sur le pouvoir d'achat des ménages en pleine crise économique et sociale, alors que le prix du gaz naturel sur le marché a baissé.
De son côté, GDF Suez fait valoir que chauffer une maison de 110 m2 au gaz reste 8% moins cher qu'au fioul et 25% qu'à l'électricité. Il souligne aussi que les tarifs français sont inférieurs à la moyenne des prix des principaux pays européens.
La CFTC fustige une hausse "proprement scandaleuse" qui "risque de se révéler, dans bien des cas, insupportable pour les ménages les plus modestes et les plus fragilisés par la crise".
Même tonalité à la CGT qui estime que cette hausse portera à "un milliard d'euros annuel le niveau de la ponction sur le pouvoir d'achat des ménages". Elle est, selon le syndicat, d'autant plus "injustifiée" que le résultat du groupe GDF Suez "a atteint un niveau historique en 2008, niveau confirmé en 2009 malgré la crise (4,5 milliards d'euros)".
A l'instar des syndicats, le parti socialiste s'en prend au gouvernement "qui se cache derrière les nouvelles règles de fixation des tarifs pour laisser passer la décision". Le Parti communiste (PCF) fustige un "gouvernement pickpocket" et le SRC (socialiste et apparenté) un gouvernement qui "s'en lave les mains".
Jusqu'à présent, les prix étaient fixés par les ministres de l'Economie et de l'Energie après avis de la CRE. Mais, selon de nouvelles règles établies en décembre, le gouvernement n'intervient plus dans leur fixation.
Les socialistes demandent à l'Etat d'"assumer son rôle de régulation et d'actionnaire majoritaire" et de "s'opposer à cette hausse alors que la précarité énergétique explose dans notre pays et que de nombreux foyers ne parviennent plus à payer leurs factures".
Le centriste François Bayrou fustige pour sa part une hausse qui intervient "juste après les régionales naturellement", où l'UMP au pouvoir a subi une lourde défaite, comme elle le redoutait.
Mercredi, les associations de consommateurs étaient déjà montés au créneau, fustigeant un "coup de massue" injustifié.
Les consommateurs qui se chauffent au gaz (six millions de clients) verront en moyenne leur facture gonfler de 85 euros toutes taxes comprises sur l'année à consommation égale.