Les pays de la zone euro mènent d'intenses tractations pour tenter de sceller un accord sur un plan d'aide financière à la Grèce, qui verrait le FMI intervenir pour la première fois dans leurs affaires, alors que le Portugal connaît à son tour des difficultés.
"Les discussions progressent mais on n'y est pas encore", a indiqué mercredi soir une source diplomatique européenne.
Un sommet des dirigeants des 16 pays utilisant l'euro est toujours envisagé jeudi à Bruxelles pour sceller un compromis si les tractations ont suffisamment avancé d'ici là.
Mais compte tenu des points encore à résoudre, il pourrait ne se tenir que dans la soirée, après une réunion de l'ensemble des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, prévue elle de longue date et consacrée à d'autres sujets.
"C'est l'option la plus probable pour le moment", souligne un diplomate européen.
Les pays utilisant la monnaie commune jouent gros. Leurs divisions depuis des semaines sur l'opportunité d'aider ou non la Grèce - confrontée à une crise budgétaire sans précédent du fait de l'ampleur de sa dette - ont déjà mis à mal leur cohésion et contribué à faire chuter le taux de change de la monnaie unique.
L'euro a reculé mercredi sous le seuil de 1,34 dollar, au plus bas en dix mois et demi.
"J'espère que cette question sera résolue dans un esprit de solidarité et de responsabilité", a souligné mercredi le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.
"La Commission est d'avis qu'il est à présent approprié de créer au sein de la zone euro un mécanisme" d'aide coordonné "qui pourrait être utilisé si besoin par la Grèce", a-t-il ajouté.
Le compromis à l'étude, négocié principalement par l'Allemagne et la France, prévoit que Berlin accepte la mise en place de ce mécanisme, au moins sur le principe, qu'il refusait jusqu'à présent. Mais sous sa pression, il serait couplé à des prêts du FMI, selon plusieurs sources diplomatique.
Et la chancelière allemande Angela Merkel, confrontée à une opinion publique très hostile à l'idée de soutenir Athènes, insiste pour que "l'aide de la zone euro ne vienne qu'en complément de prêts du Fonds monétaire international", qui interviendrait donc en premier, selon l'une de ces sources.
Cette option ne fait pas l'unanimité car l'intervention du FMI dans les affaires de la zone euro est vécue par certains comme un aveu d'échec et de faiblesse.
Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a ainsi insisté sur la nécessité que l'Europe joue "un rôle moteur" dans ce dispositif d'aide.
L'appui du FMI pour renflouer la Grèce est une condition posée par la chancelière allemande Angela Merkel. A l'inverse, la plupart de ses partenaires de la zone euro, dont la France, ont dans un premier temps privilégié une solution européenne.
Mais depuis, "chacun évolue, tout le monde y met du sien", souligne un diplomate européen.
La question d'un mécanisme d'aide en zone euro se pose avec d'autant plus d'acuité qu'un autre pays, le Portugal, connaît de nouvelles difficultés: l'agence de notation Fitch a revu en baisse son évaluation sur la solvabilité du pays.
Les tractations sur la Grèce butent aussi sur d'autres conditions posées par l'Allemagne: Berlin insiste pour que les pays européens s'engagent à durcir à l'avenir le mécanisme existant de discipline budgétaire dans l'UE pour pouvoir prendre plus facilement des sanctions.
"Nous voulons renforcer" les règles du Pacte de stabilité, a souligné le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, en proposant d'aller jusqu'à "retirer le droit de vote aux fauteurs potentiels" lors des réunions ministérielles européennes.