
Après la sévère défaite de la majorité aux régionales, Nicolas Sarkozy a remanié lundi son gouvernement en l'ouvrant aux chiraquiens et aux villepinistes, tel François Baroin, qui avait vivement critiqué la politique d'ouverture vers la gauche du chef de l'Etat.
Le président fera une déclaration mercredi à l'issue du Conseil des ministres. Ce sera sa première réaction après la défaite dimanche de son camp, vainqueur uniquement dans trois régions sur vingt-six.
Au terme d'un va-et-vient de personnalités de l'UMP entre l'Elysée et Matignon toute la journée, M. Sarkozy a procédé à un mini remaniement, avec trois entrants et deux sortants pour ce nouveau gouvernement Fillon.
M. Baroin, député-maire de Troyes (Aube), ministre de l'Outre-mer et de l'Intérieur de Jacques Chirac dont il est un très proche, devient ministre du Budget.

Il remplace à ce poste Eric Woerth, nommé ministre du Travail, qui succède à Xavier Darcos, évincé du gouvernement à la suite de sa large défaite dimanche.
"M. Darcos sera prochainement appelé à d'autres responsabilités", a indiqué le communiqué de l'Elysée, sans précision.
"C'est totalement injuste, Darcos a eu le courage d'y aller (aux élections), on savait que l'Aquitaine était une région très difficile", avait commenté l'entourage du ministre peu avant l'annonce officielle. "En réalité, il fait tout simplement les frais du tourniquet politique", avait-on ajouté.

Centriste de l'UMP, Marc-Philippe Daubresse, qui fut ministre du Logement de Jean-Pierre Raffarin, profite lui aussi de l'ouverture nouvelle façon. Il est nommé ministre de la Jeunesse et des solidarités actives, reprenant ainsi les attributions de Martin Hirsch.
Ce dernier, qui avait plusieurs fois indiqué qu'il quitterait le gouvernement une fois sa mission accomplie (création du RSA), présidera désormais l'Agence du service civique.
Enfin, le villepiniste Georges Tron, député de l'Essonne, devient secrétaire d'Etat à la Fonction publique.

Plusieurs poids lourds de la majorité ont été reçus par le président Sarkozy: en premier lieu, François Fillon, avec qui il s'agissait de "faire le point sur le message des Français" lors des régionales.
Avaient suivi Jean-François Copé, patron des députés UMP, Eric Besson (Immigration), les présidents des deux assemblées, Bernard Accoyer (Assemblée national) et Gérard Larcher (Sénat)...
Dimanche soir M. Fillon avait qualifié de "déception" le score de la majorité qui n'a réussi à conserver que l'Alsace en métropole.
La gauche a recueilli, selon la dernière totalisation de l'AFP, 54,05% des voix, réalisant son meilleur score depuis les législatives de 1981, loin devant la droite (35,37%) et le FN (9,17%), sur fond d'abstention très élevée. Le FN, avec un score de 17,8% des voix dans 12 régions, fait un retour spectaculaire dans le paysage politique.
Lundi matin, les responsables de l'UMP avaient réaffirmé que le gouvernement devait tenir le cap des réformes, à commencer par celle des retraites. "Les Français n'ont pas dit non aux réformes", a répété le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, lui aussi consulté par l'exécutif lundi.
La numéro un du PS, Martine Aubry, qui sort renforcée du scrutin, avait au contraire demandé à Nicolas Sarkozy de "chang(er) de politique".
La défaite a suscité des tensions dans la majorité. Jean-Pierre Raffarin a demandé "un vote de confiance" sur les réformes au Parlement après "un discours de politique générale" de M. Fillon.
Dominique de Villepin, ennemi juré de Nicolas Sarkozy, a prévu d'annoncer jeudi la création d'un "mouvement au service des Français", mais "dans l'orbite de l'UMP".