A un mois du début des travaux de Nord Stream, gazoduc devant relier la Russie à l'Allemagne, le consortium chargé du projet a annoncé mardi avoir bouclé le financement de la première phase de cet ouvrage ambitieux, censé sécuriser la fourniture en énergie de l'Europe de l'Ouest.
Le gazoduc, long de quelque 1.200 km, doit coûter au total 7,4 milliards d'euros.
Il sera construit en deux phases : deux conduites parallèles seront installées l'une après l'autre, et permettront de transporter à terme 55 milliards de mètres cubes de gaz naturel russe par an vers l'Union européenne, en traversant la mer Baltique.
Les dirigeants du consortium russo-européen ont annoncé au cours d'une conférence de presse organisée à Londres qu'ils avaient bouclé le financement de la première phase, qui coûtera à elle seule 3,9 milliards d'euros.
Sur cette somme, 70% proviendra d'un emprunt contracté auprès de 26 banques internationales, et le reste incombera aux actionnaires du gazoduc. Il s'agit du géant gazier public russe Gazprom (qui détient 51% de Nord Stream), des allemands BASF et EON (20% chacun), et du néerlandais Gasunie (9%). Ils se répartiront la facture à hauteur de leurs participations respectives.
Les banques participant au financement sont presque toutes européennes, mais ne comprennent aucun établissement russe.
Cet accord de financement, qui sera couvert en partie par les assureurs-crédit allemand Hermes et italien SACE, ainsi que par une garantie du gouvernement allemand, va permettre d'entamer dès avril les travaux de construction de la première phase, conformément au calendrier que s'était fixé le consortium, s'est félicité mardi le directeur opérationnel de Nord Stream, Matthias Warnig.
"L'accord démontre l'attractivité de ce projet, malgré un climat financier difficile", et va faire passer le gazoduc de l'état de "projet à la réalité", a-t-il souligné, en rappelant que le Nord Stream devrait commencer à fonctionner dès l'an prochain.
Alexei Miller, le puissant président de Gazprom, a quant à lui affirmé que cet ouvrage allait "cimenter les relations énergétiques durables entre la Russie et l'Europe", tandis que son homologue de BASF, Rainer Seele, a qualifié ce gazoduc de "meilleur antigel pour l'Europe".
Comme son pendant South Stream, qui doit acheminer le gaz russe vers l'Europe en traversant la mer Noire, Nord Stream vise à en effet à rendre l'Union européenne moins dépendante des livraisons de gaz russe transitant par l'Ukraine, qui ont été perturbées ces dernières années par le conflit gazier acrimonieux entre Moscou et Kiev.
Sans même attendre la fin de la construction de la première phase, le consortium émettra un second emprunt bancaire d'ici à la fin de l'année, de 2,5 milliards d'euros, pour financer la seconde phase du gazoduc, qui devrait être achevée en 2012, ont ajouté les dirigeants de Nord Stream.
Quant au groupe français GDF Suez, qui avait annoncé au début du mois avoir conclu un accord en vue d'acquérir une participation de 9% dans le gazoduc, il n'a pas été inclus dans le financement, car "il ne fait pas encore légalement partie des actionnaires", a précisé M. Warnig.
Mais cette prise de participation (qui sera acquise auprès de BASF et EON, qui cèderont chacun 4,5% du consortium) devrait être finalisée d'ici à la fin du mois, a-t-il cependant assuré.
Et selon lui, cette entrée au capital devrait parachever la structure du gazoduc, le consortium ne prévoyant pas d'intégrer d'autre partenaire.