
La France a lancé lundi un appel à développer et financer la technologie du nucléaire civil dans le monde, au cours d'une conférence internationale à Paris à l'enjeu non seulement diplomatique mais aussi économique et industriel.
En ouvrant cette conférence de deux jours au siège de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Nicolas Sarkozy a appelé les institutions financières internationales à favoriser le nucléaire civil.
"Je ne comprends pas et je n'accepte pas l'ostracisme du nucléaire dans les financements internationaux. Il y a là matière à scandale (...) Il faut que la Banque mondiale, la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) et les banques de développement s'engagent résolument dans le financement" du nucléaire civil, a déclaré le président français.
Soixante-cinq pays et organisations internationales (ministres, chefs d'entreprise, experts) ont été conviés à cette rencontre de deux jours qui vise à faciliter et encadrer l'accès au nucléaire civil.
L'Iran et la Corée du Nord n'ont pas été invités. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, les a avertis que "le respect des normes de sûreté, de sécurité et de non-prolifération n'est pas négociable".

Pour le patron de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA), le Japonais Yukiya Amano, "l'électronucléaire peut apporter une contribution majeure au développement économique et aider à atténuer les changements climatiques".
"Nous nous attendons à ce que 10 à 25 nouveaux pays mettent leur première centrale en service d'ici 2015", a-t-il précisé. 58 pays travaillent à des projets avec l'AIEA, a-t-il dit.
Daniel Poneman, secrétaire américain adjoint à l'Energie, a souligné que les Etats-Unis "travaillent dur sur le plan intérieur pour revigorer le secteur nucléaire et assurer parallèlement que tous les pays puissent avoir accès à l'énergie nucléaire dans des buts pacifiques, d'une manière qui minimise la prolifération".

Le directeur adjoint de l'Agence de l'énergie nucléaire chinoise, Yin Wu, a souligné que le nucléaire civil a l'avantage d'être "une source propre d'énergie" et de "contribuer à la croissance économique".
Faciliter l'accès au nucléaire civil des pays en développement passe aussi par des outils de formation, un enjeu trop longtemps négligé. Nicolas Sarkozy a annoncé la création d'un institut international de l'énergie nucléaire regroupant les meilleurs enseignants et chercheurs français dans le cadre d'un réseau international destiné à former des spécialistes.
"En Europe comme à l'extérieur, il faut avoir le cadre juridique le plus avancé et les normes les plus élevées en matière de sûreté, de sécurité et de non-prolifération", a dit pour sa part M. Barroso. Il a annoncé "une initiative européenne pour relever les normes de sécurité et de sûreté internationales et les rendre juridiquement contraignantes partout dans le monde".
Parmi les pays présents à Paris figurent la Syrie, épinglée dans le dernier rapport de l'AIEA pour son absence de coopération, Israël, la Chine, la Russie, le Brésil ou les Etats-Unis.

Cette conférence s'inscrit dans le cadre du Traité de non-prolifération (TNP), dont un volet consacre la liberté d'accéder au nucléaire civil à côté des efforts pour le désarmement nucléaire.
Selon la World Nuclear Association, plus de 450 nouveaux réacteurs devraient être construits dans le monde d'ici à 2030, soit un marché de plusieurs centaines de milliards de dollars.
La France, dont la production d'électricité repose à 75% sur le nucléaire, a développé une importante filière industrielle dans le secteur, notamment avec le groupe Areva.