(AOF / Funds) - Responsable de la gestion actions chinoises d'Edmond de Rothschild Asset Management et basé à Hong Kong, Yi Tang est depuis 2006 le gérant principal de Saint-Honoré Chine qui était depuis sa création, en 1998, géré par Bruno Vanier, directeur de la gestion actions d'Edmond de Rothschild Asset Management. Ce dernier reste toutefois impliqué dans la gestion du fonds, ce qui permet d'assurer la continuité de sa stratégie d'investissement. Yi Tang est également le gérant principal de Saint-Honoré Chinagora. L'équipe de gestion actions chinoises travaille quotidiennement avec les équipes de gestion à Paris, notamment avec Bruno Vanier et David Gaud, gérant actions asiatiques. Son analyse et sa compréhension du marché chinois constituent par ailleurs une source de valeur ajoutée pour l'équipe de gestion marchés émergents basée à Paris.
Est-il encore temps d'investir sur le marché chinois ?
Malgré le rebond des actions chinoises en 2009, les valorisations restent raisonnables. En janvier, l'indice msci China était valorisé environ 12 fois les prévisions de bénéfices pour 2010 pour une croissance moyenne estimée des BPA de 20 %. Par ailleurs, la reprise progressive des exportations chinoises et le retour d'une inflation à un niveau raisonnable devraient induire une appréciation du yuan au cours du premier semestre 2010. Un tel mouvement serait un signal fort de la confiance accordée par les autorités chinoises à leur économie. Cela contribuerait également à renforcer l'intérêt des investisseurs internationaux pour les actions chinoises. Dans ce contexte, la consolidation actuelle devrait offrir des points d'entrée sur les marchés d'actions chinois.
Ne craignez-vous pas un phénomène de bulle à plus ou moins court terme ?
A l'exception du secteur immobilier où une flambée spéculative ne peut être exclue, le reste de l'économie chinoise ne nous semble pas être au bord de la surchauffe. Les autorités monétaires se montrent d'ailleurs très vigilantes et affichent leur volonté de resserrer en douceur les conditions d'octroi du crédit pour éviter toute formation de bulles et ainsi permettre à l'économie de se stabiliser sur des niveaux élevés.
Quels sont les secteurs que vous privilégiez ?
Nous privilégions ceux à même de bénéficier de l'amélioration du niveau et de la qualité de vie des Chinois comme la consommation discrétionnaire, la santé ou encore l'assurance. A titre d'exemple, le gouvernement chinois a récemment annoncé le déblocage de 850 milliards de yuans pour la création d'un réseau de protection de santé à destination des zones rurales. Cela va libérer du pouvoir d'achat pour d'autres dépenses que celles de santé. L'amélioration du niveau de vie crée également de nouveaux besoins et va favoriser le développement des services financiers, des services de santé ou encore des contrats d'assurance. En Chine, le taux de pénétration de l'assurance vie est encore inférieur à 5 %.
Quels sont ceux sur lesquels vous êtes plus prudents ?
Nous avons récemment réduit notre exposition au secteur des matériaux après le très fort rebond en 2009 dans le sillage des annonces de vastes programmes d'infrastructures dans le cadre du plan de relance chinois. Nous restons par ailleurs très prudents sur le secteur bancaire. Même si nous ne pensons pas que les banques chinoises soient menacées par les faillites, nous estimons que le financement du plan de relance par emprunts bancaires induit en quelque sorte un «service national» mené par ces établissements avec en conséquence un impact sur leur rentabilité.
Carole Leclercq