Le président russe Dmitri Medvedev a appelé mardi les entreprises françaises à participer à la modernisation de la Russie, en investissant dans son pays, au deuxième jour d'une visite d'Etat à Paris marquée par un très net rapprochement entre les deux pays.
"Il est impossible d'imaginer des relations entre la Russie et la France sans liens économiques", a déclaré Dmitri Medvedev au cours d'une rencontre avec des patrons russes et français, organisée mardi par le Mouvement des entreprises de France (Medef - patronat).
Il a appelé à des échanges de participations entre les entreprises françaises et russes. "Cela renforce réellement les relations", a-t-il assuré, en s'engageant à agir de façon très déterminée pour instaurer un système judiciaire équitable.
"Nous continuerons à améliorer la législation. J'y veillerai personnellement. Je vous le dis très franchement: je suis très mécontent de ce que nous avons actuellement" en la matière, a déclaré le président russe.
L'économie joue un rôle majeur dans le partenariat privilégié que cherchent à mettre en place les présidents français et russe, Nicolas Sarkozy et Dmitri Medvedev, accompagné à Paris de plusieurs magnats russes, dont les milliardaires Mikhaïl Prokhorov et Oleg Deripaska.
Lundi soir, à l'issue d'un entretien au palais de l'Elysée, deux importants accords ont été signés entre Russes et Français.
GDF Suez (énergie) a signé un protocole d'accord qui ouvre la voie à une prise de participation de 9% dans le projet russe de gazoduc Nord Stream. Le groupe industriel Alstom a confirmé qu'il prendrait 25% du constructeur de trains russe Transmashholding (TMH). Il s'agit d'un investissement de départ de 75 millions de dollars, a indiqué mardi la société française.
La France est le 6e investisseur en Russie, et le 9e partenaire commercial, loin derrière l'Allemagne, selon des chiffres fournis mardi au Medef.
Tout à la célébration du "partenariat stratégique" franco-russe, les dirigeants français sont restés discrets, au moins publiquement, sur la situation des libertés et des droits de l'homme en Russie, jugée inacceptable par l'ensemble des organisations spécialisées.
Seul le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, a interpellé le président russe sur cette question. "Je pense à tous les droits de l'Homme et notamment à la liberté de la presse. C'est la grandeur d'une nation de permettre à tous les journalistes de penser, de parler et d'écrire sans crainte", a-t-il déclaré mardi en recevant Dmitri Medvedev.
En fin d'après-midi, les deux chefs d'Etat, accompagnés de leurs épouses Carla Bruni-Sarkozy et Svetlana Medvedeva, ont inauguré l'exposition "Sainte Russie" au musée du Louvre, déambulant pendant quarante-cinq minutes entre icônes, peintures et manuscrits rares. Cette exposition retrace l'art chrétien russe du 9e siècle à Pierre Le Grand et apparaît comme un temps fort des années croisées de la Russie en France et de la France en Russie.
Lundi en fin de journée en France, le président russe avait obtenu un accord pour l'achat auprès de Paris de quatre exemplaires d'un puissant navire de guerre, le Mistral, capable de transporter des troupes, des blindés et des hélicoptères vers un théâtre d'opérations.
Nicolas Sarkozy, de son côté, avait obtenu un soutien russe au principe de sanctions renforcées contre l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil.
Un dîner d'Etat, avec les épouses des deux chefs d'Etat, était prévu dans la soirée à l'Elysée. Le président russe quittera la France mercredi matin.