Un programme majeur pour l'industrie aéronautique européenne, l'avion de transport militaire Airbus A400 M, paraît sauvé après la confirmation jeudi d'un accord sur les surcoûts entre EADS et les sept pays clients, qui pourrait être signé début mars.
"On a eu hier soir une réponse d'EADS à la lettre envoyée il y a quelques jours par les Etats. Désormais, il n'y a plus d'exigences financières d'EADS", a déclaré le ministre français de la Défense Hervé Morin, confirmant l'"accord de principe" annoncé la veille par sa collègue espagnole Carme Chacon.
Il venait de se réunir pour faire le point sur les négociations financières avec EADS avec ses homologues des sept pays partenaires (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Royaume-Uni et Turquie) en marge d'un conseil des ministres de la Défense de l'UE à Palma de Majorque (Espagne).
Ces pays avaient proposé à EADS deux milliards d'euros d'aide auxquels il faut ajouter 1,5 milliard d'avances remboursables, prévenant le constructeur qu'ils ne feraient pas un pas de plus.
"EADS ne demande plus un pas supplémentaire au-delà des deux milliards. C'est une avancée majeure", a insisté le ministre français.
Pour couvrir le reste des surcoûts de 5,2 milliards d'euros, EADS devra donc supporter au total 1,7 milliard d'euros de charges, soit 900 millions de plus que les 800 millions d'euros qu'elle avait déjà consenti à apporter.
On se dirige donc vers "un contrat profondément remanié, un nouveau contrat en quelque sorte", a dit M. Morin, ajoutant sans plus de précisions qu'il comportera "bien entendu une clause de révision des prix".
Avant que soit signé le contrat rectifié, EADS voudrait cependant que soient réglées "une série de questions", a indiqué le ministre français.
"Parmi les points à régler, EADS a indiqué dans son courrier que cela ne peut se faire que dans l'hypothèse où les Etats ne renoncent pas à une partie importante du programme", a déclaré M. Morin aux jounalistes.
Il a rappelé que les Britanniques avaient déjà annoncé leur intention de réduire de trois avions leur commande, qui passerait ainsi de 25 à 22.
La France "maintiendra" sa commande de 50 avions, a précisé M. Morin.
Les autres principaux clients sont l'Allemagne, avec 60 A400 M et l'Espagne avec 27.
Autre question en suspens, a précisé le ministre français, celle de la répartition entre les sept pays des 1,5 milliard d'euros d'avances remboursables.
Seule la France a pour l'instant avancé un chiffre, -400 millions d'euros-, a souligné M. Morin.
Cela pose des problèmes budgétaires au Royaume-Uni et l'Allemagne ne s'est pas prononcée.
Dans un communiqué, l'Espagne se félicite d'une "avancée significative" et indique que la réponse d'EADS va être "évaluée".
L'optimisme est de rigueur, puisque le porte-parole du ministère français de la Défense, le général Christian Baptiste, a estimé jeudi que la signature d'un accord pourrait avoir lieu à Paris le 8 mars, "sous réserve des derniers ajustements en cours".
L'enjeu est important. "L'A400 M constitue un élément fondamental de la base technologique européenne et un facteur important pour la politique européenne commune de sécurité et de défense", rappelle Madrid avec lyrisme.
Du programme A400 M dépendent 10.000 emplois directs et 40.000 indirects.
Cet avion quadriturbopropulseur, qui devrait pouvoir atterrir sur des pistes courtes et rustiques, avec une grosse campacité d'emport, est destiné à remplacer les flottes largement vétustes des armées européennes.
Pour M. Morin, sauver le programme A400 M vaut aussi le coup parce qu'il a des perspectives d'exportation "immenses".