Le PDG du géant automobile japonais Toyota, Akio Toyoda, devrait voyager aux environs de début mars aux Etats-Unis. Il devrait y annoncer que l’entreprise va rendre publics tous les défauts découverts sur ses voitures, selon le quotidien japonais Yomiuri Shimbun.
Akio Toyoda, considéré comme un jeune patron, et âgé de 53 ans, serait le premier constructeur à faire connaître l’ensemble des pannes dont il a connaissance. Il pourrait rendre publics même les pannes les plus mineures, comme une porte qui ferme mal, à la suite des plaintes. Pour cause, cette stratégie aurait pour objectif de regagner la confiance des consommateurs. La firme japonaise traverse une crise : elle a rappelé dernièrement 8 millions de véhicules pour des problèmes d’accélérateurs. Elle devrait terminer son exercice 2008-2009 sur une perte d’exploitation trois fois pire que prévue.
Une carrière faite « tout seul »
Akio Toyoda a pris la direction du groupe Toyota le 23 juin 2009, succédant à Katsuaki Watanab. Il a fait son entrée dans l’entreprise familiale à 28 ans, bien après l’âge traditionnel du recrutement. Ce petit-fils du fondateur de Toyota a intégré le groupe familial en 1984, et multiplie les expériences, avant de devenir vice-président en juin 2005. En juin 2008, il prend le contrôle des opérations du groupe à l’étranger, selon un portrait publié sur le site Internet Club Toyota.
Entretemps, il gravit, à un rythme accéléré, tous les échelons du groupe. « Personne ne voudra être ton patron, et tu devras faire carrière tout seul », lui a glissé son père, le dernier Toyoda à diriger Toyota, en guise de discours de bienvenue. Quand il perd le badge de l’entreprise, Akio Toyoda doit payer pour le remplacer, « comme tout le monde », note t-il en souriant.
Depuis 2000, l’année où Akio Toyoda est entré au conseil d’administration du groupe, les connaisseurs de l’entreprise sont convaincus qu’il prendrait la succession. Son seul concurrent sérieux, son cousin Shubei Toyoda, lui a cédé la place en 2004. «Au moins, Akio est-il aujourd’hui étranger à l’esprit de chapelle dans le groupe, analyse Christopher Richter, analyste du secteur pour le groupe d’investissement CLSA, cité dans un portrait publié sur le site Internet Club Toyota. C’est une sorte de prince, au-dessus des querelles stratégiques. C’est ce qu’il faut à la marque ».
Surmonter les difficultés
Akio incarne un côté « nouvelle génération », avec une décontraction qui contraste avec la rigueur de ses équipes. Il s’habille en costumes clairs, parfois sans cravate. Son anglais, qu’il a travaillé lors de ses années d’études aux Etats-Unis, tranche avec celui, plus laborieux, des autres patrons japonais. Contrairement à ses prédécesseurs, il ne fuit pas la presse. Il passe pour un casse-cou, depuis qu’il a participé en tant que pilote, aux 24 heures de Nürburgring, en conduisant une Lexus, en 2007.
« Je suis profondément désolé du dérangement et des craintes causés aux clients », a déclaré Akio Toyoda le 5 février dernier, à propos du rappel de millions de véhicules défectueux. Ce problème pourrait venir d’une course à la croissance. Les ouvertures d’usines se sont multipliées aux Etats-Unis, en Europe et en Chine, parfois au détriment de la qualité de fabrication. Certaines nouvelles voitures ont été montées dans une nouvelle usine avec une nouvelle main d’œuvre, contrairement aux règles que le groupe avait fixées.
« Nous nous sommes peut être étendus plus que nous l’aurions dû », a indiqué Akio Toyoda à son arrivée à la tête de l’entreprise. Certains observateurs estiment que Shoichiro Toyoda, le père d’Akio, a choisi de laisser son fils aux commandes de l’entreprise à ce moment car il pourrait se faire un nom en surmontant les difficultés.