Le sommet social à l'Elysée lundi doit d'abord traiter de l'emploi et du pouvoir d'achat, et ensuite seulement de la réforme des retraites, qui n'est "pas urgente" selon l'ensemble des syndicats, alors que le patronat est d'un avis contraire.
Selon un communiqué commun CGT, CFDT, CFE-CGC, CFDT, FSU, Unsa et Solidaires, publié le 8 février, "la sortie de crise passe par des mesures en faveur de l'emploi, des salaires et pensions, une fiscalité plus juste, des politiques publiques en faveur d'une relance économique respectueuse des impératifs écologiques".
Voici les positions des acteurs sociaux sur les principaux dossiers.
EMPLOI
Le nombre de demandeurs d'emploi devrait augmenter cette année de 87.000 pour la seule catégorie A. Tous les syndicats veulent que les aides publiques aux entreprises soient conditionnées à des engagements sur l'emploi ou/et les salaires, contrairement au patronat.
CGT et CFTC revendiquent des mesures "contraignantes" pour l'emploi des jeunes, FO demande le rétablissement temporaire des préretraites, la CFDT et FO veulent des embauches supplémentaires en CDI à Pôle emploi.
CHOMEURS EN FIN DE DROITS
Pôle emploi a estimé récemment que 400.000 d'entre eux pourraient se retrouver cette année sans aucun revenu. Les syndicats veulent élargir les aides et assouplir l'accès à l'Allocation de solidarité spécifique (ASS), ce qui nécessite l'accord de l'Etat. La CGT revendique une surcotisation chômage des entreprises recourant massivement à l'intérim et aux CDD. CFDT et CFTC réclament l'extension du RSA à tous les jeunes précaires.
Après avoir renvoyé le dossier à "la compétence exclusive du gouvernement", le Medef reconnaît désormais qu'"il n'y a pas de solution envisageable sans co-responsabilité Etat-partenaires sociaux".
POUVOIR D'ACHAT
La CGT compte surtout sur "les mobilisations en cours des salariés" à l'occasion des Négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires, très nombreuses en début d'année.
La CFDT est favorable à la reconduction des mesures gouvernementales de février 2009 (prime aux demandeurs d'emploi non indemnisés, allègement d'impôt pour les faibles revenus...).
Pour FO, l'Etat doit jouer son rôle "d'impulsion des négociations de branches". Constatant que la négociation sur la redistribution de la richesse, engagée avec le patronat à la demande de Nicolas Sarkozy, "n'a pas avancé", la CFTC affirme: "si le président donne un délai pour conclure, ça nous ira bien".
Ce dossier n'est pas prioritaire pour le Medef. Selon Laurence Parisot, "cette troisième année de crise est peut-être la plus délicate" pour les entreprises dont beaucoup sont arrivées "au bout" de l'utilisation des dispositifs de prévention des licenciements.
RETRAITES
La méthode et le calendrier seront fixés lors du sommet, selon Nicolas Sarkozy.
Les organisations syndicales "n'accepteront pas une mascarade de concertation", et elles "ne se laisseront enfermer ni dans un calendrier ni dans un débat qui ne prendraient pas en compte l'ensemble des questions, notamment le niveau des pensions, l'emploi, le financement, la pénibilité" du travail (communiqué commun CGT, CFDT, CFE-CGC, CFDT, FSU, Unsa et Solidaires).
Pour Bernard Thibault, il n'y a "pas une urgence financière qui justifierait une décision d'autorité en quelques semaines". "Vouloir régler le dossier des retraites avant juillet n'est pas acceptable" (Jean-Claude Mailly, FO).
Au contraire, selon Mme Parisot, "il est temps de prendre des décisions", sinon "on va se fracasser sur un mur".