Le groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis a présenté mercredi des résultats en nette hausse, grâce notamment à des ventes record de vaccins antigrippaux, et a annoncé être en avance dans la réalisation de son plan d'économies, suscitant les critiques des syndicats.
Le groupe, qui a engagé l'an passé un vaste plan destiné à lui faire économiser 2 milliards d'euros en 2013 par rapport à 2008, a enregistré en 2009 un bénéfice net de 7,8 milliards d'euros (+11%) pour un chiffre d'affaires de 29,3 milliards (+6,3%).
Sanofi doit notamment ces résultats à une "année record" pour les vaccins antigrippaux (grippe saisonnière et H1N1): sur l'ensemble de l'année, leur chiffre d'affaires a dépassé 1 milliard d'euros (+46,7% à taux de change constants).
Le seul vaccin contre la grippe H1N1 a généré un chiffre d'affaires de 465 millions d'euros en 2009, selon le groupe, qui a livré 280 millions de doses de vaccins contre la grippe en 2009, dont 100 millions contre la grippe H1N1.
Décidé à faire des vaccins un des axes de son développement, au même titre que les marchés émergents, les traitements contre le diabète ou la santé grand public, trois secteurs dans lesquels il a également enregistré des résultats en nette hausse, le groupe a également confirmé qu'il était "en avance" par rapport aux objectifs de son plan d'économies.
"Nous sommes en avance sur notre calendrier", a assuré la directeur général de Sanofi-Aventis Chris Viehbacher. "Concernant 2010, le programme de transformation devrait se traduire par davantage d'économies qu'initialement prévues", ajoute le groupe dans un communiqué.
"Nous avions prévu 600 millions d'économies à fin 2010 par rapport à 2008, mais on sera clairement au-delà de cet objectif", a expliqué Jérôme Contamine, directeur financier du groupe.
A fin 2009, le groupe, qui a dépensé au cours de l'année 1,08 milliard d'euros en coûts de restructuration, a généré quelque 480 millions d'euros d'économies.
Plusieurs grands groupes pharmaceutiques, confrontés notamment à la concurrence des génériques ou à la baisse tendancielle des prix des médicaments, ont récemment annoncé des résultats en hausse et une accentuation de leurs mesures de restructuration, à l'instar des groupes britanniques AstraZeneca ou GlaxoSmithKline.
"On ne peut pas construire une société sur les économies de coûts", a toutefois estimé M. Viehbacher: "Nous n'allons pas participer à une course consistant à savoir qui a fait le plus d'économies".
"La meilleure protection pour l'emploi, c'est d'avoir une société forte", a-t-il également plaidé.
"Davantage d'économies, on sait ce que ça veut dire, ça veut dire davantage de restructurations", lui répond Thierry Bodin, coordonnateur CGT chez Sanofi, dont le syndicat regrette que le gouvernement reste "désespérément muet" sur la situation du groupe.
Selon la CGT, signataire, avec l'intersyndicale d'une lettre adressée à Nicolas Sarkozy début février, le groupe supprime en France quelque 3.000 emplois directs, dont 1.300 dans la recherche et développement.
"On va voir comment elle gère la redistribution de ses bénéfices auprès de son personnel", acquiesce Jean-François Chavance, coordonnateur CFDT (majoritaire) chez Sanofi.
"Une des questions que nous posons aux responsables politiques est de savoir s'il est normal qu'une entreprise qui fasse autant de bénéfices continue à supprimer des postes", ajoute-t-il.
Selon les syndicats, Chris Viehbacher doit rencontrer le 16 février les élus locaux et nationaux des zones où sont implantés les sites de Sanofi-Aventis pour expliquer sa stratégie et ses conséquences.