Très alarmistes tout au long de l'année 2009, les industriels japonais améliorent de mois en mois leurs performances financières, non du fait d'une envolée des ventes, mais parce que les sévères coupes opérées pour conjurer la crise s'avèrent financièrement payantes.
Le cas du géant de l'électronique et de l'électroménager Panasonic est symptomatique: malgré une stagnation de son chiffre d'affaires au cours des trois derniers mois de 2009, le groupe a dégagé des marges, alors qu'il avait enduré un lourd déficit au dernier trimestre 2008.
"Nous avons radicalement remanié notre organisation, accéléré la réduction de nos dépenses d'approvisionnement et la mutualisation des moyens", explique Panasonic.
Le groupe, dont le catalogue est extrêmement vaste et qui vient en outre de racheter son compatriote Sanyo, s'ingénie à développer des composants et logiciels plates-formes exclusifs qui peuvent être intégrés dans différents produits et être ainsi plus rapidement rentabilisés.
Parce qu'il peut se permettre cette utilisation massive de technologies et procédés maison, Panasonic pense que la maîtrise en interne de nombreux éléments entrant dans la composition de ses produits fait sa force. Surtout lorsque les équipements se connectent entre eux et se complètent parfaitement.
Un client qui achète un téléviseur Panasonic aura alors tout intérêt à lui associer un enregistreur vidéo Blu-Ray de même marque, pour simplifier la connexion, faciliter l'emploi et n'avoir qu'une télécommande pour les deux.
Le pionnier nippon des TV à cristaux liquides (LCD), Sharp, a un raisonnement assez proche. La crise l'a poussé a renforcer l'utilisation la plus large possible de ses composants-clefs et technologies propres (dalles LCD, diodes électroluminescentes, système de purification d'air, cellules photovoltaïques).
Quant à Sony, il se tourne de plus en plus vers la création et la distribution de contenus audiovisuels et logiciels, à la façon d'Apple, sans toutefois totalement abandonner le développement et la fabrication en interne de composants et produits finis.
Cette orientation a été accélérée fin 2008/début 2009 par la chute des ventes en volume et par les erratiques fluctuations des taux de change qui faussent totalement les calculs prévisionnels.
Le groupe, dirigé par l'Américain Howard Stringer et dont 80% des ventes se font à l'étranger, a taillé dans les effectifs, délocalisé des usines, rompu des contrats avec des fournisseurs trop chers, regroupé des sites, sous-traité un gros pan de l'assemblage des produits et sacrifié des activités non rentables.
Cette dure politique, qui apparaît efficace d'un point de vue pécuniaire, "suit son cours prévu, donne de bons résultats et les changements structurels vont se poursuivre tout au long de l'année", se félicite Nobuyuki Oneda, directeur financier de Sony.
Les produits audiovisuels de ce mythique groupe nippon ne sont pas encore jugés assez compétitifs face à ceux de rivaux tels que le sud-coréen Samsung Electronics.
Outre les entreprises d'électronique, nombre d'autres industriels japonais, dont les constructeurs automobiles, ont aussi été forcés de remettre en cause leur mode de fonctionnement trop coûteux, quitte à porter le coup de grâce à de fiables et fidèles sous-traitants nippons, afin de compenser la soudaine chute de leurs chiffres d'affaires.
"Il faut que nous dégagions des marges pour pouvoir continuer d'investir pour l'avenir même si les ventes stagnent", prévient le patron de Panasonic, approuvé par nombre de ses pairs.