La France a proposé aux six autres pays partenaires du programme d'avion de transport militaire Airbus A400M de faire un nouvel effort collectif d'un montant d'un à 1,5 milliard d'EUR, en plus des 2 milliards déjà envisagés, a annoncé jeudi le ministre français de la Défense Hervé Morin.
"J'ai eu l'accord du Premier ministre (ndlr, François Fillon) pour que la France puisse mettre en oeuvre le dispositif d'avance remboursable à hauteur de 400 millions d'euros. Ce qui fera entre un milliard et 1,5 milliard si les autres pays concernés par les retombées industrielles du programme suivent, ce qui n'est pas acquis", a déclaré M. Morin à la presse à l'issue d'une réunion avec ses six collègues à Istanbul.
Les sept pays partenaires (Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg et Turquie) ont "donné 15 jours à trois semaines à EADS pour tenter de conclure" les négociations permettant de régler les questions des surcoûts, a également indiqué le ministre français.
Les pays concernés par les retombées industrielles sont "essentiellement la France, l'Allemagne et l'Espagne", a souligné M. Morin.
Les ministres des sept pays se sont réunis à Istanbul en marge d'une réunion de l'Otan pour faire le point sur les négociations avec le constructeur aéronautique EADS. Ce dernier leur demande 6,4 milliards d'euros de plus pour boucler le programme dont le coût prévu était de 20 milliards d'euros pour 180 appareils.
M. Morin a été très clair sur le fait qu'il s'agissait pour les pays fondateurs du programme A400M d'un ultime effort pour permettre le lancement d'un "programme important pour l'avenir de l'aéronautique européenne".
Il a souligné qu'"à travers l'Europe, ce projet concernait 40.000 emplois, dont 12.000 en France".
A l'issue d'une réunion jeudi à Berlin de représentants des 7 pays et du constructeur puis du point fait par les ministres le soir même à Istanbul "le sentiment général est à la fois une volonté politique clairement réaffirmée de trouver un accord avec le constructeur, qui ne peut se faire bien entendu que moyennant un effort dudit constructeur", a affirmé M. Morin.
Dans un communiqué commun publié à Istanbul, les 7 "ont souligné l'importance des propositions faites par les nations au maître d'oeuvre", Airbus Military, filiale d'EADS.
"Rappelant que l'industriel doit assumer ses responsabilités sur ce programme et respecter les engagements qu'il a pris vis à vis des nations, les ministres ont appelé à une clôture rapide des discussions", indique le communiqué.
"Les pays partenaires veulent cet avion mais pas à n'importe quel prix", a encore souligné M. Morin. Il a évalué "entre 4 milliards et 4,5 milliards la différence entre ce qu'EADS a déjà supporté au titre des coûts supplémentaires et ce qu'il reste à couvrir".
Le communiqué rappelle également "les efforts très importants faits par les nations vis à vis du maître d'oeuvre en acceptant d'aménager le calendrier et les conditions techniques de livraison des avions".
Evoquant le vol inaugural de l'A400M le 11 décembre 2009, les sept pays soulignent qu'ils considèrent ce programme comme "un élément fondateur de la base technologique européenne et une impulsion décisive à la politique de défense et de sécurité européenne".
M. Morin a dit espérer une conclusion favorable de ces discussions à l'occasion de la prochaine réunion des ministres de la Défense de l'UE fin février à Palma de Majorque (Espagne).