Tout juste sorti d'une épreuve de force face au Sénat, le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a prêté serment lundi pour un nouveau mandat en affichant sa détermination à préserver l'indépendance de son institution, remise en cause par le Congrès.
Sans oublier "le retour de la prospérité", et la nécessaire intensification de la réforme de la régulation bancaire, les deux autres points définissant le triptyque de ses priorités, M. Bernanke, qui a été reconduit à la tête de la Fed à la onzième heure après une forte opposition contre sa personne au Sénat, a montré son intention de relever le gant face aux élus.
"Cette institution, comme notre pays, fait face à des défis énormes", a-t-il déclaré, à l'occasion d'une cérémonie de prestation de serment au siège de la Réserve fédérale à Washington.
"Nous devons continuer à protéger notre indépendance", a-t-il ajouté, selon le texte de son allocution distribué à la presse.
En même temps, "nous devons continuer à faire tout ce que nous pouvons pour que notre politique contribue à guider le retour du pays à la prospérité dans un environnement de stabilité pour les prix", a dit M. Bernanke, alors que la Fed maintient son taux directeur au plancher depuis plus d'un an et qu'elle devrait continuer encore un certain temps.
Reconnaissant une nouvelle fois les manquements passés de la Fed en matière de régulation, M. Bernanke a répété sa volonté de continuer à "travailler avec le Congrès pour mettre au point une réforme de la régulation financière efficace et complète".
Les quatre dernières années, a-t-il néanmoins estimé, ont "montré à bien des égards la Fed dans ce qu'elle a de meilleur, lorsque nous avons agi avec rapidité, détermination et créativité pour affronter la crise financière la plus forte depuis la Grande Dépression et contribuer à empêcher l'effondrement économique qui menaçait".
C'est pour cette raison que M. Bernanke, dont le nouveau mandat a commencé officiellement le 1er février, a été reconduit à la tête de la Fed par le président américain Barack Obama.
Mais sa confirmation par le Sénat n'a été obtenue que le 28 janvier, par 70 voix contre 30, ce qui fait de M. Bernanke le président de la Fed le plus mal "élu" depuis la création de cette institution en 1913, selon la presse américaine.
Ses détracteurs lui reprochent d'avoir éteint le feu qu'il avait lui même allumé en favorisant une bulle immobilière qu'il n'aura pas vu venir et en faisant preuve d'une bienveillance coupable à l'égard des banques que la Fed était censée réguler. Ils l'accusent aussi d'avoir rétabli la situation de la pire manière en renflouant les grands groupes financiers.
Accusée au Congrès, la Fed est visée par plusieurs projet de loi destinés à la soumettre à un contrôle accru de la Cour des comptes, que certains élus voudraient pousser jusqu'à un audit des réunions de son Comité de politique monétaire (FOMC).
Un autre texte propose de dépouiller la banque centrale de toutes ses attributions en matière de régulation bancaire, contre le souhait du gouvernement.
Les responsables de la Fed, M. Bernanke en tête, ne cessent de répéter qu'un audit des réunions du FOMC serait une catastrophe en consacrant la perte d'indépendance de la banque centrale, condition sine qua non de son efficacité.
Ils affirment également que la Fed doit continuer de superviser et réguler les banques, tâches qui permettent de faire remonter au FOMC les informations dont il a besoin pour prendre ses décisions du mieux possible.