
Dans le sillage du président Obama, "Paul le Grand" monte au front. A 82 ans, le chef du Conseil pour la reconstruction économique a défendu devant la Commission bancaire du Sénat ce qu’il convient désormais d’appeler la "règle Volcker".
Le principe : interdire à toute banque récoltant de l’épargne et des dépôts de spéculer pour son propre compte ainsi que d’abriter des fonds alternatifs (hedge fund) ou des fonds de private equity.
Paul Volcker entend user de toute sa stature, physique (il mesure plus de deux mètres) et morale (il a régné avec succès sur la Fed de 1979 à 1987), pour remporter ce défi lancé à Wall Street. Il sait que la conjoncture lui est favorable. La polémique des bonus chez Goldman Sachs et AIG ou le débat autour du remboursement des aides publiques versées sont autant d’atouts dans la manche de l’administration Obama.
Euthanasie
Volcker reconnaît que sa règle n’aurait pas probalement pas empêché l’effondrement de Lehman Brothers lors de la crise de l’automne 2008. Mais il estime que si les activités spéculatives des groupes financiers ne sont pas mieux encadrées, de nouveaux dérapages sont à prévoir.
La Maison Blanche adresse donc aux mastodontes de la finance un avertissement qui se veut sans frais : ne prenez plus de risques inconsidérés sur le dos du contribuable américain et ne vous cachez plus derrière l’adage « too big to fail » (trop gros pour faire faillite).
Si un établissement est au bord du naufrage, il devra y avoir liquidation ou fusion. "Une euthanasie, pas un sauvetage", a précisé Paul Volcker lors de son audition. Mais au-delà du volontarisme politique, le projet devra se frayer un chemin à travers les arcanes du Capitole. Et ce n’est pas une mince affaire…