Encore confidentielle il y a trois ans, l'assurance en ligne pèse désormais en France plusieurs centaines de milliers de contrats par an et devient le théâtre d'une concurrence féroce, rythmée par les comparateurs.
Objet de fortes résistances de la part de nombreux assureurs traditionnels, soucieux de ménager leurs réseaux de terrain, l'assurance sur internet est longtemps restée un marché de niche.
Mais la montée en puissance d'internet, désormais fréquenté par près de 34 millions de Français, et du commerce en ligne a poussé les géants du marché à se lancer.
En trois ans, le nombre de contrats souscrits via internet a plus que doublé, pour dépasser 800.000 en 2009, en recoupant les chiffres obtenus par l'AFP auprès de plusieurs assureurs et comparateurs.
La plupart des poids lourds du secteur offrent aujourd'hui la souscription en ligne mais sur la base de contrats identiques à ceux proposés dans le réseau physique ou par téléphone.
Et plusieurs d'entre eux ont déjà été plus loin en créant une marque et un site distincts, dont le modèle tout en ligne allège les coûts et permet de proposer des tarifs nettement moins élevés.
Idmacif (Macif), Allsecur (Allianz-AGF), Amaguiz (Groupama) et Direct Assurance (Axa) autorisent une politique tarifaire agressive sans canibaliser les grandes marques auxquelles ils sont adossés.
"On vise une clientèle sur laquelle le groupe est moins présent, jeune et urbaine, appartenant en moyenne à des catégories socio-professionnelles plus élevées", explique Michel Lungart, directeur général de Amaguiz.
A garanties équivalentes, s'assurer par internet permet de faire baisser sa facture de 30% environ pour un contrat automobile, affirment plusieurs assureurs en ligne, qui proposent également des contrats habitation et santé.
"Pour un assuré qui n'a pas révisé son prix depuis longtemps, l'économie peut même largement atteindre 40%", assure Tanguy Thévenet, directeur général du comparateur Hyperassur.
La croissance spectaculaire des volumes traités sur internet doit beaucoup aux comparateurs qui mettent en parallèle plusieurs offres d'assurance avec le prix comme critère principal.
Ce marché est actuellement dominé par Assurland (contrôlé par la société commune à MMA, Maaf et GMF), qui revendique près de 80% des assurances contractées via les comparateurs, soit environ 300.000 contrats.
Mais l'envolée de l'assurance en ligne suscite les convoitises et le champion des comparateurs britanniques, Secured (filiale de l'assureur Admiral), a annoncé la semaine dernière le lancement d'une filiale française, baptisée lelynx.fr.
"En France, 5% des gens comparent leur police d'assurance contre 50% au Royaume-Uni. Il y a une marge de progression", affirme Martin Coriat, directeur général de lelynx.fr.
Plutôt que de jouer uniquement sur le prix, créneau déjà bien occupé par les comparateurs français, lelynx veut proposer une approche plus qualitative, en mettant en avant les garanties.
"Je pense qu'ils vont apporter une dynamisation au développement de l'assurance directe en France", anticipe M. Lungart.
Malgré l'essor de l'assurance en ligne, quelques grands acteurs traditionnels, mutualistes surtout, hésitent encore à franchir le pas et à proposer des contrats spécifiques à internet.
"internet est un canal qui, s'il est bien maîtrisé, reste moins cher que le canal d'acquisition traditionnel" de nouveaux clients, fait valoir Yannick Schmitz, directeur général d'Idmacif.