Le gouvernement socialiste espagnol a annoncé vendredi un plan d'austérité de 50 milliards d'euros sur trois ans visant à réduire de façon drastique des déficits publics à la dérive, et donner des gages au-delà de ses frontières sur la solidité des finances du pays.
Ce plan 2010-2013 "supposera une économie d'environ 50 milliards d'euros", dont 40 à la charge de l'Etat et 10 des collectivités locales, a déclaré la vice-présidente du gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega, à l'issue du conseil des ministres.
"L'objectif est que le déficit public se situe de nouveau à 3% du PIB en 2013", conformément à la limite fixée par le pacte de stabilité européen, a déclaré la ministre de l'Economie et des Finances, Elena Salgado, qui a explosé en 2009 à 11,4% du PIB.
Pressé par l'inquiétude des marchés et les exigences de Bruxelles, Madrid a décidé d'assainir rapidement ses finances publiques au risque de compromettre une reprise économique qui tarde à venir.
Son plan d'austérité prévoit des coupes claires dans l'emploi public. En 2010, l'administration ne remplacera plus qu'un fonctionnaire partant sur dix et "il n'y aura aucune nouvelle embauche d'intérimaire", a annoncé Madrid.
Les économies frapperont presque toutes les administrations. Seuls épargnés: les budgets de l'éducation, de la recherche, de l'aide au développement, et les "prestations sociales".
Le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, avait annoncé ce plan fin décembre, après la décision de l'agence de notation Stantard & Poor's d'allouer une perspective "négative" à la note de la dette à long terme de l'Espagne.
L'économie espagnole est entrée dans une profonde récession en 2008, ce qui a entraîné une détérioration des comptes et de la dette publics, alimentée par le facture des prestations chômage et les plans de soutien à l'économie.
Alors qu'en 2007, la dette publique ne représentait que 36,2% du PIB, faisant de l'Espagne un élève modèle en Europe, elle s'est envolée pour se situer un peu au-dessus de 60% en 2010, selon Mme Salgado.
De même, alors que les comptes publics étaient excédentaires en 2007 (2,23% du PIB), ils ont viré au rouge et se sont creusés jusqu'à représenter environ 11,4% du PIB en 2009, bien au-delà de la prévision gouvernementale de 9,5%.
Ce chiffre ne place pas l'Espagne si loin de la Grèce, dont le déficit public de 12,7% du PIB inquiète les marchés et les pays européens.
En revanche, la dette espagnole est environ moitié moindre que celle de la Grèce (113% du PIB) et nettement inférieure à celle de beaucoup de pays.
L'Espagne craint de voir déteindre sur elle la crise grecque, les financiers européens se préoccupant des finances des pays du sud de l'Europe, affublés par certains analystes du sobriquet de PIGS (acronyme en anglais de Portugal, Italie, Grèce, Espagne, signifiant également "cochons").
"Il est clair que certaines des attaques contre la Grèce visent plus largement l'euro (...) derrière la Grèce, il y a le Portugal et l'Espagne", a mis en garde jeudi le Premier ministre grec Georges Papandréou.
Pour l'Espagne, "la situation est clairement intenable et une consolidation fiscale sera inévitable", estimaient mi-janvier les analystes d'UBS.
Le secrétaire d'Etat espagnol à l'Economie, José Manuel Campa, effectuera une tournée en Europe début février pour tenter de rassurer les investisseurs internationaux sur les finances espagnoles.
Le plan d'austérité n'est pas la première tentative espagnole pour contrer l'augmentation des déficits. En septembre, M. Zapatero avait annoncé une hausse de la pression fiscale en 2010 équivalant à 1,5% du PIB.