Le nombre de personnes inscrites au chômage a connu une augmentation massive en 2009 mais un ralentissement en fin d'année fait espérer au gouvernement un arrêt de la hausse en 2010, même si des experts redoutent une "reprise sans emploi".
Au terme d'une année marquée par la plus forte récession depuis l'après-guerre, la métropole comptait 2,61 millions de demandeurs d'emploi sans aucune activité inscrits à Pôle emploi et au total 3,82 millions, compte tenu de ceux en activité réduite, selon les données diffusées mercredi.
En un an, le nombre d'inscrits a augmenté de plus de 18%, bondissant de plus de 400.000 pour les personnes n'ayant pas du tout travaillé dans le mois et à la recherche de tout type de contrat (catégorie A) et de près de 590.000 en incluant les demandeurs d'emploi en activité réduite (catégories A, B, C).
Toutes les catégories ont été touchées, mais les seniors, les jeunes et les hommes davantage. Et les fins de CDD et de missions d'intérim restaient fin 2009 la cause de près de 30% des inscriptions.
"Cela s'inscrit dans un mouvement de destructions d'emplois depuis le début de la crise, mais hormis l'Allemagne, l'économie française a moins détruit d'emplois proportionnellement que la Grande-Bretagne, les Etats-Unis évidemment (...), ou l'Espagne", a réagi la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
Les mesures comme le chômage partiel, auquel la France a fortement recouru et les dispositifs de reclassement de licenciés économiques (CTP et CRP) ont "amorti l'impact immédiat de la récession sur le chômage total", a expliqué à l'AFP le professeur d'économie Jacques Freyssinet.
"Par rapport aux premiers mois très durs de 2009, nous sommes parvenus progressivement à inverser la tendance et nous commençons à pouvoir espérer à voir des mois où nous allons faire reculer le chômage", a commenté le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez.
Soulignant la baisse en décembre des inscrits sans activité, la première depuis six mois, le gouvernement y a vu "une preuve" de l'effet des mesures de soutien à l'emploi et l'UMP le reflet du "succès de la politique économique".
"Une autosatisfaction surprenante", a réagi le PS, ajoutant que "tous les spécialistes prévoient une augmentation du chômage en 2010".
Trouvant les chiffres "tout à fait encourageants", la présidente du Medef Laurence Parisot a jugé sur i-Télé qu"il faudra certainement encore du temps pour retrouver le niveau d'emploi d'il y a deux ans".
Le nombre d'inscrits de moins de 25 ans, premiers touchés par la crise avec la chute de l'intérim, a diminué en fin d'année.
Mais deux points noirs ont été confirmés: la hausse des seniors et des chômeurs de longue durée. Plus d'un tiers des demandeurs d'emplois étaient inscrits au chômage en décembre depuis plus d'un an, dont certains risquent de se retrouver en fin de droits.
Pour 2010, Mme Lagarde a estimé que les inscriptions connaîtraient une "évolution en tôle ondulée, avec des bons mois et des mauvais mois, mais globalement mieux orientée".
Avec le retour de la croissance, le gouvernement espère que la hausse du chômage s'interrompra dès cette année, alors que plusieurs prévisions, dont celle de l'OCDE, tablent jusqu'alors sur une poursuite de l'augmentation du chômage en 2010, mais à un rythme ralenti.
"Pour l'instant, une reprise sans emploi est le plus probable", a jugé M. Freyssinet, selon lequel "la reprise prévue en 2010 ne sera pas suffisante pour recréer des emplois, car il faut au moins 2% de croissance". Il n'a pas exclu que "si la reprise tarde trop, certaines entreprises, plutôt attentistes jusqu'alors, ne réduisent leurs effectifs notamment par des départs naturels".