La question des chômeurs en fin de droits s'est invitée vendredi au conseil d'administration de Pôle emploi, les syndicats insistant pour avoir des statistiques "fines" sur les demandeurs d'emploi non indemnisés.
"Un million de chômeurs en fin de droits en 2010, cela ne veut rien dire. Combien sont dûs à une augmentation du chômage de longue durée ? Combien sont dûs au fait qu'ils rentrent dans l'indemnisation chômage alors qu'avant ils n'y rentraient pas ?", a expliqué à l'AFP Gaby Bonnand (CFDT).
"On a fortement insisté pour savoir combien sont en fin de droits après 4, 5, 6 mois d'indemnisation, et ainsi de suite jusqu'à 24 mois", a-t-il ajouté.
"Il y a des situations très diverses et pas d'action possible sans une connaissance fine", selon M. Bonnand, qui doit prendre la présidence tournante de l'assurance chômage le 29 janvier, après deux ans de présidence du Medef.
"A 4 mois, c'est du chômage récurrent, qui nécessite de travailler sur l'accompagnement. Les réponses ne sont pas de même nature quand on tombe en fin de droits à 45-50 ans, ou quand on a un conjoint(e) car à partir de là, c'est le revenu du couple ou de la famille qui compte...", a-t-il dit.
"On a demandé un point mensuel des gens qui sortent du champ de l'indemnisation et restent inscrits", a aussi indiqué Maurad Rahbi, qui siège pour la CGT au conseil d'admnistration.
Selon lui, les statisticiens de Pôle emploi montrent que les 50 ans et plus ont du mal à sortir du chômage, et qu'il y a davantage de fins de droits chaque mois.
Si 16% des inscrits basculent à l'Allocation spécifique de solidarité (ASS) et 32% au RSA, selon des données Pôle emploi, M. Rabhi calcule qu'il en reste au moins "600.000 qui basculent dans rien du tout".
"Moi je serai plutôt sur 700.000, mais la question n'est pas là : il y a une urgence sociale, le patronat cherche à gagner du temps, le gouvernement à minimiser et fait l'autruche", a-t-il lancé. Or, "si on a trouvé des solutions pour les banquiers, ce que je ne critique pas, on peut en trouver pour les gens victimes de la crise et pas responsables".
"Ca devient un vrai casse-tête politique", a-t-il estimé.
"On voit bien qu'entre les problèmes du chômage des seniors et celui des fins de droits, ça va exploser", a précisé Gabrielle Simon (CFTC).
"C'est un sujet qui pouvait être largement anticipé mais tant que ça fait pas pleurer dans les chaumières et que ça buzze pas, le gouvernement ne s'en occupe pas", s'est-elle désolée.