Former les dizaines de milliers de salariés au chômage partiel pendant la crise semble plus facile à dire qu'à faire en France où le bilan 2009 a été "peu significatif", selon des sources concordantes.
Au début de la crise, gouvernement, partenaires sociaux, régions, tous s'accordaient sur la nécessité de mettre à profit ces périodes d'inactivité forcée qui ont touché selon l'Insee de 132.000 à 258.000 salariés par trimestre depuis fin 2008, et coûté à l'Etat environ 300 millions d'euros en indemnisation en 2009.
Le chef de l'Etat se faisait fort que le chômage partiel "serve à quelque chose plutôt que de laisser (les gens) chez eux mourir d'ennui et d'inquiétude".
Mais sur le terrain, "on a des difficultés dans la mise en oeuvre et cela n'a pas été significatif en 2009", confie à l'AFP Vincent Graulet, directeur veille et prospectives d'Opcalia, organisme qui collecte des fonds pour la formation professionnelle et cofinance des actions.
"Les entreprises jonglent avec des problèmes de trésorerie, raisonnent au jour le jour dans un contexte où ce qui est vrai en janvier ne l'est plus en février, et il est difficile de construire un projet, la priorité est donnée à la reprise, même de courte durée, plutôt qu'à la formation", dit-il.
De plus selon lui, "il y a eu au début un manque de partenariat avec l'appareil administratif" qui n'informait pas des demandes de chômage partiel.
Au lieu de 25.000 bénéficiaires visés par un accord Etat-syndicats-patronat en avril, 4.400 salariés ont été concernés, selon un bilan d'étape en novembre.
Selon ce document, "le fait d'organiser les formations uniquement sur le temps chômé, restreint singulièrement la capacité d'intervention (...)", ce dont gouvernement et partenaires sociaux ont finalement pris conscience. Ils ont assoupli les règles d'application le 28 décembre.
En Alsace aussi, où, comme en Franche-Comté, la Région aide les entreprises à former leurs salariés pendant le temps chômé, le bilan est "mitigé" même si la mesure continue d'être proposée.
Vingt entreprises sur 600 y ont adhéré, moins de 2.000 salariés ont été formés et 365.000 euros dépensés sur un total disponible d'un million.
Les entreprises souhaitent rester discrètes quand elles sont en sous-activité et peinent à trouver les formations disponibles "à la bonne date et avec un nombre suffisant de participants", explique le patronat, qui reconnaît en revanche que la complexité administrative n'est pas rédhibitoire.
"Cela partait d'une idée simple mais en fait, c'est très compliqué. Lorsque vous arrivez péniblement à trouver le formateur capable de réagir très vite, de monter une formation, parfois en interentreprises, et il faut tomber sur des gens au chômage partiel en même temps alors que c'est parfois 2 heures par jour, 1 jour par semaine ou 15 jours tous les 3 mois... le temps que tout ça se mette en place, vous avez deux ou trois boîtes qui reprennent le boulot et le truc s'effondre", constate une source proche du dossier.
Les congés individuels de formation (CIF) ont en revanche "bien marché" selon cette source car il suffit que l'entreprise déclenche du chômage partiel pour que le salarié puisse demander un CIF et s'absenter, y compris de son temps de travail (1.300 personnes dans le cadre de l'accord Etat-Fup).
Le problème n'est pas que français. En Allemagne, environ 67.000 personnes en chômage partiel ont bénéficié d'une formation, ce qui est "très peu", selon l'Agence fédérale pour l'emploi. En moyenne, l'an dernier 1 million de personnes ont été en chômage partiel.