Le président islandais a assuré que l'Islande honorerait ses engagements financiers vis-à-vis du Royaume-Uni et des Pays-Bas après la faillite de la banque Icesave et que sa convocation d'un référendum était de mieux en mieux comprise à l'étranger.
"L'idée mise en avant que nous n'allons pas honorer nos engagements est complètement fausse", a déclaré Olafur Ragnar Grimsson, qui a convoqué mardi ses concitoyens à un référendum.
Cette consultation à l'issue incertaine est attendue le 20 février; elle est la conséquense de son refus de promulguer la loi Icesave, une décision initialement très contestée à Londres et à La Haye.
Adoptée à une très courte majorité par le Parlement fin décembre, elle vise à rembourser 3,8 milliards d'euros avancés par le Royaume-Uni et les Pays-Bas pour indemniser plus de 320.000 de leurs citoyens lésés par la faillite de la banque.
"La seule chose que j'ai décidée, c'est d'accorder le dernier mot au peuple islandais via un référendum qui est conforme à nos principes démocratiques fondamentaux", a fait valoir le président dans un entretien à la BBC.
S'adressant ensuite aux médias islandais, il a affirmé qu'entre "l'intérêt financier et la démocratie, le président doit choisir la démocratie".
Après les inquiétudes et les désapprobations enregistrées à l'étranger par sa décision, il a assuré que "le soutien et la compréhension à la cause islandaise sont beaucoup plus importants qu'il y a 48 heures".
Le ministre des Affaires étrangères islandais Össur Skarphedinsson a ainsi affirmé après un entretien jeudi avec son homologue britannique David Miliband que Londres n'entraverait pas la candidature de l'Islande à l'UE déposée en juillet.
Reykjavik veut aussi rassurer les pays nordiques qui ont octroyé en juillet à l'Islande un prêt totalisant 1,78 milliard d'euros, le versement des différentes tranches dépendant des progrès économiques de ce pays.
Le ministre islandais des finances Steingrimur J. Sigfusson doit s'entretenir vendredi à Oslo avec son homologue norvégien et avec le ministre des Affaires étrangères puis avec son collègue danois à Copenhague. Il a contacté jeudi par téléphone son homologue suédois des Finances Anders Borg "pour lui présenter la situation".
Les sondages en vue du référendum, auparavant très défavorables à Icesave, se sont équilibrés depuis le veto présidentiel, qui a entraîné la colère de Londres et La Haye, la dégradation des notes de la dette publique islandaise par des agences de notation ainsi que des réserves des bailleurs de l'Islande, les pays nordiques notamment.
Selon le dernier sondage paru mercredi dans l'île de l'Atlantique Nord, 53% des Islandais interrogés par l'institut Capacent Gallup prévoient d'approuver la loi Icesave lors du référendum.
La veille, un sondage pour le quotidien Vidskiptabladid donnait lui 58% d'opposants au texte, une opposition qui atteignait encore 70% il y a quelques semaines.
Les critiques soulignent que le coût d'Icesave représente près de la moitié du Produit intérieur brut de l'île ou encore 12.000 euros par habitant et craignent que les paiements, prévus pour être étalés d'ici 2024, plombent l'Islande pour des décennies.
Dans une tribune intitulée "Pourquoi l'Islande ne veut pas payer" publiée jeudi par le Wall Street Journal Europe, Hannes Gissurarson, un ex-administrateur de la banque centrale islandaise, compare Icesave au "fardeau de la dette imposé à l'Allemagne après la première guerre mondiale".