Le gouvernement de centre-gauche japonais a adopté vendredi un projet de budget pour l'an prochain d'un montant record de quelque 92.300 milliards de yens (704 milliards d'euros).
Il s'agit du premier budget pour une année pleine (avril 2010 à mars 2011) préparé par la coalition de trois partis conduite par le Premier ministre Yukio Hatoyama, arrivée au pouvoir en septembre.
"Ce budget marque le commencement de la mise en oeuvre concrète de NOS engagements, un changement de gouvernement, un changement politique", a déclaré M. Hatoyama, lors d'une conférence de presse.
"C'est un budget destiné à protéger la vie des gens", a-t-il ajouté, avant d'énumérer les nouvelles prestations prévues pour les foyers, pour améliorer la situation de l'emploi, pour faciliter l'accès aux soins et contribuer à préserver l'environnement.
Le Premier ministre, dont la devise est "amour, amitié", s'est engagé à consacrer l'argent public "davantage aux gens qu'au béton", brocardant la politique de travaux publics tous azimuts de ses prédécesseurs conservateurs et proches des milieux industriels.
Au terme d'âpres discussions, les ministres se sont entendus sur un montant de dépenses générales de l'Etat s'élevant à 53.500 milliards de yens (410 milliards d'euros).
Le remboursement de la dette se montera pour sa part aux alentours de 21.000 milliards de yens (160 milliards d'euros), et les reversements aux régions à environ 17.500 milliards de yens (133 milliards d'euros).
Le projet de loi budgétaire pour l'année d'avril 2010 à mars 2011, qui devra être approuvé par les deux chambres du parlement, est bâti sur une prévision de croissance de 1,4% en 2010-2011.
Le Japon a de justesse renoué avec la croissance au cours des deuxième et troisième trimestres 2009, s'extrayant d'une récession d'un an (avril 2008 à mars 2009), la plus longue endurée depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale.
Jugeant que le pays est trop dépendant des exportations, moteur actuel de l'amorce de reprise, le gouvernement mise sur ses nouvelles dispositions budgétaires pour favoriser la consommation intérieure.
Le gouvernement a budgété notamment une allocation de 13.000 yens (environ 100 euros) par mois, par enfant, jusqu'à la fin du collège. Cette aide financière parentale universelle, accordée sans condition de ressources, coûtera aux pouvoirs publics 2.255 milliards de yens (17,2 milliards d'euros) l'an prochain. Elle devrait être doublée l'année suivante.
Pour couvrir ces débours, le gouvernement escompte des recettes d'impôts de l'ordre de 37.400 milliards de yens (285 milliards d'euros), amoindries par la récession subie d'avril 2008 à mars 2009.
L'exécutif s'engage par ailleurs à limiter les nouvelles émissions de bons du trésor à 44.300 milliards de yens (338 milliards de yens), contre 53.500 milliards cette année, un niveau historique, alors que la dette publique représente déjà presque deux fois le PIB annuel.
Dans une situation financière délicate et un environnement économique morose, le gouvernement de coalition, s'est plié en partie aux recommandations de la formation majoritaire (Parti démocrate du Japon, PDJ) tout en résistant aux pressions de ses alliés de gauche (Parti social-démocrate, Nouveau parti citoyen). Il a ainsi dû remettre à des jours meilleurs plusieurs promesses de campagne, sa volonté de faire le tri dans les attributions de l'Etat et de réduire les gaspillages administratifs n'ayant pas permis de dégager autant de marge qu'escompté au départ.
M. Hatoyama a toutefois de nouveau exclu vendredi une augmentation de l'impopulaire taxe sur la consommation (équivalent de la TVA), actuellement limitée à 5% du prix des produits du commerce.