Lourdement endetté, l'armateur CMA-CGM, n°3 mondial du fret maritime et un des premiers employeurs privés de la région marseillaise, va finalement être renfloué par ses créanciers, avant d'accueillir de nouveaux investisseurs en 2010.
Après des semaines d'âpres discussions, les 63 banques créancières du groupe lui ont accordé jeudi soir, lors d'une réunion à Bercy, un prêt de "500 millions de dollars" (348 millions d'euros), en échange d'un remaniement de sa direction et avant une restructuration financière, a annoncé à l'AFP un porte-parole du groupe, confirmant une information du Figaro.
Cet accord, qui sera effectif "courant janvier 2010", va permettre à l'armateur, dont la dette est de 5 milliards de dollars (3,4 milliards d'euros environ), de faire face à ses échéances et d'éviter de demander une procédure de sauvegarde au tribunal de commerce.
En contrepartie, CMA-CGM, entreprise familiale présidée actuellement par son fondateur Jacques Saadé, a accepté de remplacer son directoire et son conseil de surveillance par un conseil d'administration.
Si M. Saadé en devient le président, il n'aura plus en charge que la stratégie. Philippe Soulié, qui a dirigé la Cnim - constructeur d?escaliers mécaniques et de chaudières - jusqu'en juillet, est nommé directeur général. Il va disposer de "pouvoirs opérationnels élargis", a souligné le porte-parole.
Trois directeurs généraux délégués ont également été désignés, dont Rodolphe Saadé, le fils de Jacques.
L'armateur (16.500 salariés dans le monde, dont 4.000 en France), va en outre accueillir deux nouveaux administrateurs: Denis Ranque, l'ex-PDG de Thales, et Christian Garin, président d'Armateurs de France.
Une réunion du conseil de surveillance de CMA-CGM, prévue le 23 décembre, devrait entériner cette nouvelle organisation.
"C'est une première étape. Il reste la restructuration de la dette qui implique une entrée de fonds d'investissement au capital. (...) Ce ne sont pas des philanthropes, ils vont demander un certain rendement", a dit à l'AFP Yves Tréméac, de la fédération des officiers Ugict-CGT.
L'armateur doit maintenant se pencher sur la finalisation des négociations avec les chantiers navals coréens, à qui il demande la possibilité de reporter ou d'annuler la livraison de 49 navires prévue d'ici à 2012, a-t-il indiqué à l'AFP.
Seul hic, le Fonds stratégique d'investissement (FSI, fonds public français), à qui il est demandé, selon Les Echos, de "contre-garantir les crédits bancaires attachés à ces commandes de navires", a fait savoir qu'il étudiait la possibilité de ne jouer qu'un rôle d'investisseur.
"Le FSI travaille au côté de coinvestisseurs sur une entrée éventuelle au capital, mais cela demande encore beaucoup de travail", selon un porte-parole du FSI interrogé par l'AFP.
CMA-CGM s'attend à l'arrivée d'investisseurs "courant du 2e trimestre 2010".
Jacques Saadé affirme pour sa part qu'une "augmentation de capital sera réalisée par le FSI pour un montant significatif et un investisseur industriel qui devrait apporter entre 300 et 500 millions de dollars", dans un entretien au Figaro à paraître samedi.
"Je souhaite que cet investisseur soit un industriel. Le groupe Louis-Dreyfus a manifesté son intérêt, mais nous avons également des contacts avec les pays du Golfe et du Moyen-Orient", ajoute-t-il, en précisant qu'il souhaitait conserver la majorité du capital.
Début décembre, le groupe Louis Dreyfus Armateurs avait en effet manifesté son intérêt. Le fonds français Butler Capital et la banque américaine Goldman Sachs sont aussi souvent mentionnés.