Les mesures que va devoir prendre le gouvernement grec pour résorber l'énorme déficit public risquent d'avoir un coût social élevé et de relancer l'agitation dans un pays où les mécontents sont prompts à descendre dans la rue, estiment les analystes.
Le Premier ministre socialiste Georges Papandréou, dont le pays croule sous une énorme dette qui inquiète toute l'Europe, devrait annoncer rapidement les mesures qu'il s'est engagé à prendre rapidement pour assainir l'économie auprès de ses partenaires européens.
Il a promis jeudi "d'importants changements" en arrivant à un sommet avec ses homologues européens à Bruxelles. Il venait d'annoncer à Athènes la convocation pour la semaine prochaine d'une réunion de tous les partis visant à démontrer la volonté de la Grèce de "nettoyer" son économie.
Cette manifestation d'union nationale devra donner un puissant message à l'étranger, sur la détermination du pays "à combattre des problèmes chroniques comme la corruption et le clientélisme et à donner des perspectives pour un développement différent".
Mais l'invitation a dans l'immédiat été déclinée sur sa gauche. "Le gouvernement tente de désinformer les travailleurs (...) dont il se prépare à sacrifier salaires et droits", titrait vendredi Rizospastis, l'organe du parti communiste, tandis qu'Avghi, journal de la petite formation de gauche radicale Syriza, ironisait sur "un pseudo-dialogue national prélude à des mesures douloureuses et antisociales".
La puissante confédération syndicale de Grèce (GSEE), qui rassemble 600.000 adhérents a aussi fait passer le message qu'elle comptait veiller sur les acquis sociaux.
"Nous réclamons une politique fiscale juste pour répartir le poids des charges, et sauvegarder les droits des travailleurs. Les entreprises et les banques doivent prendre leur part de responsabilités", a indiqué à l'AFP Stathis Anestis, membre de la commission exécutive de la GSEE.
Reconnaissant que "le pays a d'énormes problèmes économiques", M. Anestis à cependant jugé que "certains cultivent une espèce de +terrorisme économique+ pour justifier des attaques antisociales et défendre les intérêts des banques et des grandes entreprises".
"Il n'est pas question que les travailleurs payent seuls le prix de la crise, on ne veut pas souffrir sur les retraites ou les impôts" a ajouté le dirigeant syndical.
Arnaud Tellier, responsable pour la Grèce d'une grande banque française, a dit à l'AFP¨qu'il "était indispensable que la Grèce réduise avant tout fortement ses dépenses, en réduisant en premier lieu le coût des effectifs dans la fonction publique".
Mais il a aussi admis que les mesures nécessaires risquaient d'entraîner une stagnation de l'économie, une baisse de la consommation qui "risquent de provoquer une agitation sociale dans les mois qui viennent.
Cependant, pour Thomas Gerakis, analyste politique de l'Institut de sondages Marc SA, "il est prématuré d'estimer les retombées des mesures qui seront prises, il faut d'abord voir ce quelles seront exactement".
"Il y aura surement des réactions, mais il y a aussi une prise de conscience ici que des mesures sont nécessaires, et beaucoup de Grecs sont prêts à endosser leur coût à condition qu'elles soient efficaces et justes", a-t-il conclu.