Le Trésor américain s'est engagé mercredi à orienter davantage son aide vers les Américains et les petites entreprises en prolongeant le plan de stabilisation du système financier qui a surtout bénéficié jusque-là aux grandes banques.
Le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a prorogé jusqu'au 3 octobre 2010 la capacité de son ministère à puiser dans les 700 milliards de dollars mis à sa disposition par le Congrès à l'automne 2008, au moment du pic de la crise, pour empêcher l'implosion du système financier américain.
Etant donné les contraintes qui pèsent sur les finances publiques des Etats-Unis, dont le déficit budgétaire devrait atteindre cette année un nouveau record à plus de 1.500 milliards de dollars, M. Geithner a indiqué qu'il comptait puiser avec retenue sur cette ligne, qui devait arriver à échéance à la fin de l'année.
La prolongation du plan de sauvetage tient au fait que si celui-ci a atteint son but en permettant au système financier de se stabiliser et à la croissance de revenir, l'économie du pays fait encore face à des "défis importants", écrit M. Geithner dans une lettre adressée aux dirigeants du Congrès.
Le ministre veut conserver "la possibilité de répondre à une éventuelle menace immédiate et forte" qui viendrait à peser de nouveau sur l'économie".
Néanmoins, écrit-il, "il y a encore trop de familles américaines, de propriétaires et de petites entreprises aux prises avec de graves contraintes financières".
M. Geithner promet en conséquence que l'utilisation des fonds mis à la disposition du Trésor servira en 2010 à venir en aide davantage aux propriétaires "responsables" qui ont du mal à rembourser leur emprunt immobilier, et favoriser l'accès au crédit des petites entreprises.
Le Trésor réfléchit aussi à une extension de sa contribution au programme de la banque centrale destiné à relancer le crédit à la consommation et le crédit immobilier pour les entreprises.
Jusqu'à présent, le plan de sauvetage du système financier a surtout bénéficié aux plus grandes banques et aux constructeurs automobiles General Motor et Chrysler, auxquels il a évité la faillite.
Il est à ce titre très impopulaire, l'opinion publique reprochant au gouvernement d'avoir fait un chèque en blanc à Wall Street et à Détroit en se se montrant oublieux de leurs erreurs de gestion passées, sans rien faire ou presque pour aider les Américains qui peinent à joindre les deux bouts du fait des retombées de la crise.
L'argument du Trésor selon lequel il fallait sauver coûte que coûte le système financier, faute de quoi c'est l'économie tout entière du pays qui risquait de s'effondrer, a du mal à passer quand le chômage atteint 10%.
Fin novembre, près de 473 milliards de dollars avaient été alloués au titre du plan de sauvetage. M. Geithner a indiqué mercredi qu'il prévoyait de ne pas dépenser plus de 550 milliards sur les 700 dont dispose le Trésor, et qu'il s'attendait à avoir récupéré, fin 2010, 175 milliards sur les sommes avancées aux banques (qui ont déjà remboursé 73 milliards).
Au total, le gouvernement estime que le plan de sauvetage coûtera 200 milliards de moins que prévu dans le budget 2009-2010. Cette "économie" doit servir à financer les mesures de relance supplémentaires en faveur de l'emploi annoncées mardi par le président Barack Obama.